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TOLKIEN ET LES INKLINGS
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Mise à jour
05/01/2017
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DU MERCREDI 25 JUILLET (19 H) AU MERCREDI
1er AOÛT (14 H) 2012
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DIRECTION :
Roger BOZZETTO, Vincent
FERRÉ
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ARGUMENT :
L’œuvre de Tolkien (1892-1973), située au carrefour de questions
littéraires, génériques, critiques et théoriques, permet de croiser des
interrogations qui possèdent une valeur exemplaire, en particulier à
l’égard des relations entre la littérature et les imaginaires. Cette
œuvre permet aussi de questionner les rapports qui se sont tissés avec
ses premiers lecteurs du groupe des Inklings et la critique. Elle
invite à s'intéresser à l’interaction entre la réception par le grand
public et les interprétations des critiques. Et cela d'autant mieux que
les travaux sur cet auteur et les Inklings (dont C.S. Lewis, Ch.
Williams et O. Barfield), qui se sont récemment multipliés, portent sur
l'importance prise par la "faërie", sur les réflexions de Tolkien à
l'égard de la fiction narrative et de son influence actuelle.
C'est pourquoi une mise en perspective de tous ces travaux s'impose,
afin de montrer que cette œuvre possède une richesse et une densité qui
ne se résument pas au monde du Seigneur
des Anneaux. Le colloque a également pour objectif de réduire
l'écart creusé entre l'image dont jouit Tolkien auprès du grand public
— qui le perçoit comme l'auteur de ce seul ouvrage (même si l'on
commence à reparler du Hobbit)
— et celle que le lecteur curieux du reste de l'œuvre ou le chercheur
peuvent se constituer au fil des récentes traductions publiées en
français. À cet égard, parmi les intervenants, figureront des
spécialistes de littérature qui ne consacrent pas prioritairement leurs
travaux à Tolkien, mais dont les contributions permettront de le relier
à d'autres écrivains, d'autres traditions et d'autres genres.
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CALENDRIER
DÉFINITIF :
Mercredi 25
juillet
Après-midi:
ACCUEIL DES
PARTICIPANTS
Soirée:
Présentation du Centre, des colloques et des participants
Jeudi 26
juillet
Matin:
Roger BOZZETTO
& Vincent FERRÉ: Ouverture du collloque
Leo CARRUTHERS: Dans quel Âge du
monde sommes-nous? Les Âges de la Terre du Milieu... et la suite
Thomas HONEGGER: Arthur -
Aragorn - Ransom: Concepts of Kingship in the Works of Three Inklings
Après-midi:
Anne BESSON: La Terre du Milieu,
monde modèle
Charles
DELATTRE: Tolkien et le comparatisme mythologique
Vendredi 27
juillet
Matin:
Irène FERNANDEZ: Une lecture
sceptique de Narnia
Marguerite
MOUTON: J.R.R. Tolkien et la création d’une "Langue Commune"
Après-midi:
Nicole GUÉDENEY: Le Seigneur des Anneaux ou comment
survivre au désespoir et à la peur: une lecture par la théorie de
l'attachement [enregistrement audio en ligne sur la Forge
Numérique de la MRSH
de l'Université de Caen Normandie]
Cloé DOTTOR: L'intertexte
médiéval de Tolkien: sagesse et folie
Michaël DEVAUX: Lire Le Seigneur des Anneaux avec C.S.
Lewis
Samedi 28
juillet
EXCURSION AU
MONT-SAINT-MICHEL
Visite
conférence par François SAINT-JAMES
Soirée:
Musique
Dimanche 29
juillet
Matin:
Gilles MENEGALDO: La trilogie de
Peter Jackson: Tolkien au miroir d'Hollywood
Daniel TRON: Tolkien... du
Dickens avec des pieds poilus?
Après-midi:
Sébastien
MARLAIR: L'art romanesque de J.R.R. Tolkien (Le Hobbit, La Route perdue, Le Seigneur des Anneaux et Les Archives du Notion Club)
Promouvoir
l'œuvre de Tolkien sur internet, table ronde animée par Vincent FERRÉ, avec Audrey MORELLE, Coralie POTOT et Dominique
VIGOT
Soirée:
Projection du documentaire sur John Howe
Lundi 30
juillet
Matin:
Isabelle
PANTIN: Les Inklings et l'ésotérisme
Jean-Philippe QADRI: L'Épitre aux Ephésiens chez Lewis
et Tolkien
Après-midi:
Anca MUNTEAN: La cohabitation
innovatrice des genres littéraires chez J.R.R. Tolkien
Fanfan CHEN: La faërie et
l'iconoclasme - l'imagination narrative chez Tolkien et Barfield
Les Inklings
et l'histoire de la Fantasy,
table ronde animée par Anne BESSON
avec Alain NÉVANT
Mardi 31
juillet
Matin:
Anne Isabelle FRANÇOIS: "A Club of the Other Sort".
Coteries, cercles, cliques et autres sociétés: théories et pratiques
des groupes (masculins) chez C.S. Lewis
Roger BOZZETTO: Bilbo: un hobbit
original
Après-midi:
Nadia DIRCI:
L'étrange histoire du peintre Niggle
Vincent FERRÉ,
Vivien STOCKER & Jean-Rodolphe TURLIN: Traduire et éditer
Tolkien
Présentation du Dictionnaire Tolkien
Mercredi 1er
août
Matin:
Table ronde avec Adam TOLKIEN,
animée par Roger BOZZETTO et Vincent FERRÉ
Roger BOZZETTO
& Vincent FERRÉ: Conclusions du colloque et projets futurs
Après-midi:
DÉPARTS
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RÉSUMÉS :
Anne BESSON:
La Terre du Milieu, monde modèle
En créant Middle Earth,
partie centrale de son univers d’Arda, pour les besoins de ses
inventions linguistiques et de ses développements romanesques, Tolkien
établissait un nouveau standard pour un imaginaire démiurgique et
cosmogonique en même temps qu’il le revitalisait de façon décisive.
C’est du désir d’en prolonger toujours l’exploration que surgit un
vaste pan de la culture populaire contemporaine, genres de la fantasy, formes du jeu de rôle,
stratégies d’expansion transmédiatique. Cette communication se penchera
donc sur le rôle modélisant de la Terre du Milieu, chez Tolkien et,
bien vite, au-delà: on y verra un exemple parmi les plus significatifs
pour déterminer ce qui fait, d’une œuvre, un monde, puis on observera
l’influence exercée par la suite par cette construction.
Anne Besson, née en 1975, est maître de
conférences en Littérature Générale et Comparée à l’Université d’Artois
(Arras). Spécialiste des ensembles romanesques, particulièrement en
science-fiction, fantasy et littérature de jeunesse, elle est l’auteur
de D’Asimov à Tolkien, cycles et
séries dans la littérature de genre (CNRS Editions, 2004), et de
La Fantasy
(Klincksieck, collection "50 questions", 2007). Impliquée dans
l’organisation et la diffusion des activités de recherche,
co-fondatrice de l’association "Modernités médiévales", elle a organisé
plusieurs colloques et coordonné plusieurs ouvrages collectifs. Elle
est membre du jury des Prix Imaginales.
Roger
BOZZETTO: Bilbo: un hobbit original
On a souvent réduit Bilbo au rôle de prédécesseur, de galop d’essai
qu’aurait entrepris Tolkien avant de se lancer dans l’épopée du Seigneur des anneaux. Cette
position est née d’une erreur de perspective. Bilbo est, au moment où il est
écrit, l’aboutissement d’une démarche qui prend son départ bien avant,
et dans des domaines où on n’a pas pour habitude de retrouver Tolkien.
Ce sont sur ces territoires peu explorés mais riches d’enseignement,
qu’en liaison avec la conception de la faërie comme notion critique, je
propose de revenir.
Roger Bozzetto est professeur émérite en
littérature comparée de l’Université de Provence. On lui doit de
nombreux articles traitant des imaginaires en littérature. En juillet
2003, il a co-dirigé le premier colloque sur la science-fiction qui
s’est tenu à Cerisy.
Enfin, il est l’auteur d'ouvrages comme Territoires des fantastiques, Le fantastique dans tous ses états,
Les
frontières du fantastique (en collaboration avec Arnaud Huftier)
ainsi que La science-fiction
(Armand Colin).
On peut consulter une partie de ses écrits sur la SF sur le site:
http://quarante-deux.org. Et ses textes sur les fantastiques sur
Noosfere (http://www.noosfere.com/Bozzetto/index.asp).
Leo
CARRUTHERS: Dans quel Âge du monde sommes-nous? Les Âges de la Terre du
Milieu... et la suite
S’il semble évident que la Terre du milieu représente notre propre
monde réel, mais à une époque fictive reculée et que les événements qui
s’y passent sont censés avoir concerné nos ancêtres, dans quel âge du
monde sommes-nous à l’heure actuelle? Dans la mythologie de Tolkien, la
destruction de l’Anneau unique marque la fin du Troisième Âge et le
début du Quatrième Âge caractérisé par la domination des hommes et la
diminution, pour ne pas dire la disparition (en tout cas, aux yeux des
êtres humains), des autres espèces intelligentes que l’auteur appelle
les Peuples libres. Alors que le globe terrestre est en effet entre les
mains des hommes et que ces derniers cherchent toujours à dominer la
nature, sommes-nous encore au Quatrième Âge dans la perspective
tolkienienne? Cette intervention se propose d’explorer les repères
temporels permettant de répondre à de telles questions, non seulement
au sein de la mythologie, mais aussi dans la conception médiévale des
âges du monde que Tolkien, spécialiste de littérature médiévale,
connaissait à fond. L’auteur du Silmarillion
a peu écrit sur ce sujet, mais il en a sans doute discuté avec ses
amis, les Inklings.
Leo Carruthers, né à Dublin (Irlande),
travaille en France depuis 1977. Professeur à Paris-Sorbonne depuis
1994, il est président de l’Association des Médiévistes Anglicistes de
l’Enseignement Supérieur. Auteur d’un manuel en français sur L’Anglais Médiéval (Brepols, 1996),
il a publié plusieurs livres et de nombreux articles sur divers aspects
de la littérature anglaise, de Beowulf
à Everyman. S’intéressant à
Tolkien depuis longtemps, il a dirigé un volume collectif, Tolkien et le Moyen Age (CNRS
Éditions, 2007), issu de son séminaire de recherche en Sorbonne.
Fanfan CHEN:
La faërie et l'iconoclasme - l'imagination narrative chez Tolkien et
Barfield
Le mot "faery", disparu ou presque vers la fin de la Renaissance, a
ressuscité au XIXe siècle. Il désigne alors un domaine magique en
relation avec tous les éléments surnaturels présents dans le roman
chevaleresque. Le genre "fairy-stories"
défini par Tolkien dépend de la nature de la faërie et l’origine des fairy-stories remonte à l’origine
des langues. Il pose aussi que le mythe est à l’origine de la langue,
et critique la langue européenne moderne qui relève pour lui d’une
maladie du mythe. Barfield, autre membre des Inklings, professe une
opinion quasi semblable. Il présume que la langue ainsi que notre
conscience évoluent, à partir d’une unité sémantique de participation
originale, vers l’abstraction. Il présente ce phénomène d’évolution
comme une sorte d’idolâtrie de l’écrit et propose comme solution la poetic diction pour arriver à
l’iconoclasme. Parallèlement, Tolkien propose la fantasy - l’imagination
narrative/poétique - comme un remède contre la maladie langagière. Je
propose de comparer la manière dont Tolkien et Barfield appréhendent
théoriquement l’imagination vis-à-vis de l’iconoclasme et de la faërie,
dont la raison et la nature seront scrutées en comparant les nouvelles
suivantes: The Rose on the Ash-Heap,
The Silver
Trumpet, Leaf by Niggle,
Smith of
Wootton Major. Pour cette étude, je m’inspirerai de la théorie
narrative de Paul Ricœur. Il constate, lui aussi, que la langue a perdu
son unité originale et qu’il faut retrouver son esprit singulier - sa
capacité à ouvrir sur un nouveau monde.
Michaël
DEVAUX: Lire Le Seigneur des Anneaux
avec C.S. Lewis
Le Seigneur des Anneaux a été
élu livre du XXe siècle par les Britanniques. À sa sortie en 1954, C.S.
Lewis disait déjà qu’il s’agissait d’un livre comparable à l’Arioste.
Nous proposons d’étudier les lectures possibles du Seigneur des Anneaux selon les
critères énoncés par Lewis dans Une
expérience de critique littéraire (1961). La lecture en masse du
Seigneur des
Anneaux signifie-t-elle qu’on peut le lire comme un magazine?
Ces lecteurs en masse ne peuvent-ils s’offrir à l’occasion du Seigneur des Anneaux une lecture
d’"élite", selon l’expression de Lewis? Que doivent-ils apprendre pour
cela? Pourquoi lit-on et relit-on Le
Seigneur des Anneaux (car la quantité de lecteurs se double
d’une quantité de relecture par les lecteurs en nombre)? S’il revient à
la bonne littérature d’induire la manière de bien lire un livre,
comment penser et apprécier la lecture d’un bon conte de fées pour
adultes? En quoi Le Seigneur des
Anneaux relève-t-il de la bonne littérature pour Lewis? Nous
reprenons donc un à un les éléments décisifs de sa théorie de la
critique pour envisager les types de lectures du Seigneur des Anneaux, en
cartographiant ainsi les niveaux dans lesquels chacun pourra se repérer.
Michaël Devaux, né en 1971, agrégé,
docteur en philosophie, enseigne la philosophie de l’éducation à l’IUFM
d’Alençon et enseigne Tolkien au collège des Bernardins à Paris. Il a
collaboré à la Bibliographie
cartésienne 1960-1996. Il préside l’association "La Compagnie de
la Comté" et dirige La Feuille de la
Compagnie. Il a ainsi dirigé Tolkien,
les racines du légendaire (2003) et co-édité Tolkien aujourd’hui (2011).
Cloé DOTTOR:
L'intertexte médiéval de Tolkien: sagesse et folie
Au Moyen Age, la folie n'est ps opposée à la raison, mais à la sagesse.
Dans les œuvres de Chétien de Troyes, dans la légende de Tristan et
Yseut, les archétypes de la folie et de la sagesse se construisent en
miroir, mais peuvent aussi se compléter. Tolkien utilise-t-il ces
archétypes? Comment les adapte-t-il à l'univers du milieu? Le but de
cette intervention sera de déterminer comment folie et sagesse sont
présentes dans les œuvres de Tolkien, en particulier le Seigneur des Anneaux. La folie
est-elle de l'ordre d'une simple inconséquence, de la démesure, de la
démence? La sagesse est-elle présentée de façon positive ou négative?
La notion de degré nous permettra d'étudier plus précisément
l'intertextualité médiévale des textes de Tolkien.
Irène
FERNANDEZ: Une lecture sceptique de Narnia
Le symbolisme chrétien des Chroniques
de Narnia est bien connu, et c’est lui que privilégie un certain
type de lecture. Cette approche est tout-à fait légitime, mais elle a
l’inconvénient, étant donné sa prévalence, en particulier aux
Etats-Unis, de favoriser en bien des cas une allégorisation ou une
conceptualisation des Chroniques
qui n’est pas de leur fait. La qualité proprement littéraire qui fait
leur force s’en trouve par là obscurcie ou occultée. Or il existe des
lecteurs étrangers et parfois même hostiles au christianisme de
l’auteur et qui ont cependant une passion pour le monde qu’il a créé.
Leur "lecture sceptique", due à un intérêt qui n’est pas fondé sur un
attrait idéologique, invite à regarder ces récits d’un œil neuf et à en
reconnaître la poésie.
Anne Isabelle
FRANÇOIS: "A Club of the Other Sort".
Coteries, cercles, cliques et autres sociétés: théories et pratiques
des groupes (masculins) chez C.S. Lewis
"As some wag has said, Palaeolithic man
may or may not have had a club on his shoulder but he certainly had a
club of the other sort. [...] What were the women doing meanwhile? How
should I know? [...] I can trace the pre-history of Friendship only in
the male line" (C.S. Lewis, The Four
Loves, 1960).
Il s’agira dans cette communication d’analyser les représentations,
modèles et discours de la sociabilité (masculine) dans l’œuvre de C.S.
Lewis, membre éminent du groupe des Inklings.
On s’intéressera en particulier au processus de mythification à
l’œuvre, c’est-à-dire à la création socio-culturelle d’une lignée
fantasmatique, incarnée notamment dans les œuvres de fiction, mais dont
rendent également compte la correspondance ou les écrits théoriques.
L’étude sera menée à partir d’une approche intersectionnelle, qui fera
ainsi ressortir le réseau d’associations inhérent à la notion, croisant
les enjeux aussi bien genrés, que de classe et de race - cette
sociabilité figurant, par excellence, l’Englishness aussi bien qu’un
idéal d’éducation et de culture.
Anne Isabelle François, ancienne élève
de l’École normale supérieure d’Ulm, agrégée de lettres modernes,
docteur de l’EPHE et de l’Université de Dresde, est maître de
conférences de littérature comparée à l’Université Sorbonne Nouvelle -
Paris 3 (PRES Sorbonne Paris Cité). Spécialiste des littératures
allemande et anglaise du XXe siècle, elle poursuit ses recherches, dans
une perspective de Gender et
de Cultural Studies, au sein
du Centre d’Études et de Recherches Comparatistes (CERC - EA 172).
Membre de "Modernités médiévales", elle est en particulier spécialiste
de C.S. Lewis, auquel elle a consacré sa thèse ainsi que de nombreux
articles, par exemple: "C.S. Lewis, Merlin et la "matière de Bretagne""
(in Fantasmagories du Moyen Age,
Publications de l’Université de Provence, "Senefiance" n°56, 2010, p.
37-46); ""Quelle voix en moi?" La mise en scène narrative du diable
comme souffleur" (in Les voix de
l’éveil. Écritures et expérience spirituelle, L’Harmattan,
"Espaces littéraires", 2009, p. 229-248); "Mieux que mille livres
d’histoire. C.S. Lewis et ses doubles" (in Le Savant dans les Lettres: Récriture et
érudition dans la réception du Moyen Age, PU de Rennes, à
paraître).
Nicole
GUÉDENEY: Le Seigneur des Anneaux
ou comment survivre au désespoir et à la peur: une lecture par la
théorie de l'attachement
L’auteur, psychiatre du bébé, présente une lecture par la théorie de
l’attachement de la psychologie des personnages du roman de J.R.R.
Tolkien, Le Seigneur des Anneaux.
Cette théorie récente du développement et du fonctionnement
psychologique de l’être humain a été élaborée par un autre anglais,
John Bowlby dans la 2eme moitié du XXe siècle. Les humains lorsqu’ils
sont en proie à la peur ou au chagrin ou au doute ou en situation de
vulnérabilité puisent dans leurs liens d’attachement des ressources
pour réguler et surmonter ces émotions. L’auteur analysera les
motivations et comportements des personnages à la lumière des
principaux concepts de cette théorie. En puisant dans la biographie de
Tolkien et dans son œuvre, l’auteur insiste sur l’importance des pertes
précoces et des traumatismes, sur la valeur de résilience que joue la
possibilité de créer les liens interpersonnels et la valeur de
consolation que peut prendre la création littéraire.
Guédeney, N et Guédeney, A (2010), L’attachement: approche théorique,
Masson, Elsevier, 3eme édition.
Guédeney, N. (2010), Le seigneur des
Anneaux ou comment survivre au désespoir et à la peur: une lecture par
la théorie de l’attachement, Devenir, 22, 247-271.
Thomas
HONEGGER: Arthur - Aragorn - Ransom: Concepts of Kingship in the Works
of Three Inklings
The figure of the "redeemer king" is a central element in the works of
Charles Williams, J.R.R. Tolkien and C.S. Lewis - three core members of
the Inklings. Charles Williams, in his Arthurian Poems but also in his
posthumously published essay in Arthurian
Torso, comes closest to modelling his embodiment of kingship,
Arthur, on a (semi-) historical person within a historical setting,
though imbuing him with a mystic dimension. J.R.R. Tolkien’s Aragorn
(aka Elessar) is also rooted in the historicity of the Ring-epic and
reflects elements of the "epic" Arthurian tradition, but likewise
participates in the richly evocative archetypal image of the "restorer
of the empire". Lastly, C.S. Lewis’s Ransom (aka Fisher-King) in That Hideous Strength unites
elements of the sacrificial king (Anfortas) with those of the "pontifex
maximus" and represents the coming of a new age. A comparative analysis
of these three "figures of kingship" shows how the common cultural and
religious background of the Inklings influenced all three writers even
though each author gives us an individual interpretation of the concept
of kingship.
Thomas Honegger holds a Ph.D. from the
University of Zurich (Switzerland) where he taught Old and Middle
English. He has organised numerous conferences and edited several books
with scholarly papers on the work of the late medievalist Prof. J.R.R.
Tolkien and is series editor of the Cormarë Series at Walking Tree
Publishers (http://www.walking-tree.org). He is, since 2002, Professor
for English Medieval Studies at the Friedrich-Schiller-University, Jena
(Germany).
Gilles
MENEGALDO: La trilogie de Peter Jackson: Tolkien au miroir d'Hollywood
Il s’agit d’examiner les enjeux multiples du travail d’adaptation de
Peter Jackson qui a dû faire face à divers défis: le caractère
canonique, mais aussi "culte" du texte source, l’ampleur de l’œuvre
elle-même, parfois difficilement transposable, la nécessité donc de
"respecter" le texte et de ne pas mécontenter les nombreux lecteurs et
"fans" de l’écrivain. Le réalisateur devait aussi prendre en compte les
nécessités et les contraintes du système de production hollywoodien
tout en imprimant sa marque d’auteur (jugé parfois provocateur). Nous
examinerons comment Jackson a surmonté, pour l’essentiel, ces
difficultés et a réussi, à rendre compte, par tous les moyens du cinéma
(et en particulier grâce à la mise en scène du paysage et aux effets
spéciaux numériques) des principaux aspects de l’œuvre de Tolkien, en
particulier certains thèmes comme le pouvoir, la quête initiatique, la
mort, mais aussi certains enjeux éthiques et idéologiques. Nous
examinerons les différents procédés narratifs et formels de la trilogie
qui réussit à équilibrer l’intime et le spectaculaire et à susciter le
"sense of wonder" présent dans l’œuvre écrite.
Anca MUNTEAN:
La cohabitation innovatrice des genres littéraires chez J.R.R. Tolkien
Le Seigneur
des Anneaux, qui n’a jamais cessé de séduire, est trop
facilement intégré à ce que l’on appelle "la littérature de fantasy" alors que les choses sont
beaucoup plus nuancées, car cette séduction réside précisément dans le
mélange inhabituel de plusieurs genres littéraires (conte de fées,
roman historique, épopée, romance,
littérature de fantasy) que
Tolkien utilise et développe au long de son histoire en rendant ainsi
flexibles les caractéristiques d’un genre spécifique parfois
considérées (à tort) comme "figées". L’œuvre de Tolkien a apporté dans
notre monde l’atmosphère qui règne dans le pays de Faërie. En effet, son influence sur
la littérature qui s’écrit après lui étant évidente, le succès d’un tel
genre (aux yeux de ses lecteurs plutôt que dans les histoires
littéraires) s’explique par l’influence directe des autres genres, qui
y contribuent d’une manière originale. Selon Jean-Marie Schaeffer et
contrairement à certaines conceptions répandues, les genres évoluent
continuellement en se redéfinissant sans cesse. Plus concrètement, ce
qui nous intéresse est moins de constater l’appartenance de ces genres
au texte, que de réfléchir à la façon dont la participation de tous
favorise l’évolution interne de chacun des genres réunis dans la
construction du Seigneur des Anneaux
et aussi la manière dont les mondes imaginaires prennent forme à la
suite du mélange adéquat de tous ces éléments apparemment
antithétiques, générant la cohérence inhérente du monde ainsi créé.
Pour finir, la multitude d’influences génériques (conte de fées, romance, épopée, roman historique,
roman d’aventures, fantasy) à
découvrir en parcourant l’œuvre de Tolkien nous met en face d’une œuvre
inclassable, qui ne trouve pas naturellement sa place dans un genre
précis, ce qui nous amène à conclure que Tolkien a crée un univers
réellement unique à sa façon, d’une "singularité extrême", représentant
"toute une province de la littérature", qui célèbre l’évolution
inhérente des genres littéraires, en les réunissant dans une œuvre
dynamique, qui exclut les contraintes supposées par tout genre figé.
Bibliographie
FERRE, Vincent, Tolkien: sur les
rivages de la Terre du Milieu, Paris, Christian Bourgois
Éditeur, 2001.
La Licorne,
La dynamique des genres. Colloque de Poitiers, 18-19 octobre
1991, sous la direction de Claudine Verley, publications de l’UFR de
langues et littératures de l’université de Poitiers, n°22, 1992.
La Licorne,
Le savoir des genres, études réunies par R. Baroni et M. Macé,
Presses Universitaires de Rennes, 79, 2006.
PANTIN, Isabelle, "Tolkien et l’histoire littéraire: l’aporie du
contexte", texte à paraître dans M. Devaux, V. Ferré, Ch. Ridoux (éd.),
Tolkien
aujourd’hui, Valenciennes, Presses universitaires de
Valenciennes, 2010 (à paraître).
SCHAEFFER, Jean-Marie, Qu’est-ce
qu’un genre littéraire, Paris, Éditions du Seuil, 1989.
Jean-Philippe
QADRI: L'Epitre aux Ephésiens
chez Lewis et Tolkien
L’Epitre aux
Éphésiens, livre très court du Nouveau Testament (quelques pages
à peine), est régulièrement sollicitée dans les écrits de C.S. Lewis ou
de J.R.R. Tolkien (qu’ils soient universitaires, apologétiques,
littéraires ou épistolaires); au point que le relevé des thèmes et des
occurrences principales de la lettre paulinienne conduit à tracer comme
un portrait intellectuel et spirituel en miniature des deux auteurs.
Que ce soit de manière directe ou indirecte, la présence de l’épitre
dans l’art, l’intelligence et le coeur des deux hommes manifeste son
importance pour la foi qui fut la leur. Une foi chrétienne reçue et
vécue comme réponse à un appel radical (Eph 4, 1; 6, 24): les "fils
d’Adam" et les "filles d’Ève" (Lewis) comme les "enfants d’Eru"
(Tolkien) sont destinés à devenir "enfants de lumière" (Eph 5, 8) et à
défendre un monde assiégé par les ténèbres avec pour "seule espérance
celle de leur appel" (Eph 4, 4 ; 1, 18).
Agrégé de physique, Jean-Philippe Qadri
enseigne en classe préparatoire PTSI au lycée Gustave Eiffel à
Bordeaux, et participe au forum "jrrvf.com". Il a proposé une lecture
du tournoi d’énigmes entre Bilbo et Gollum ("“... un concours avec
nous, mon trésor !”", dans Tolkien,
Trente ans après (1973-2003), Vincent Ferré, dir.) et
s’intéresse tout particulièrement à la figure de Tom Bombadil ("Tom
Bombadil: le chant de la forêt", dans Tolkien,
l’Effigie des elfes, Michaël Devaux, dir., à paraître).
Daniel TRON:
Tolkien... du Dickens avec des pieds poilus?
Dire que Tolkien est un monument de la littérature anglaise est
aujourd'hui une évidence dont le sens mérite cependant d'être précisé.
Prenant à rebours la tendance légitime à étudier l'originalité de
l'oeuvre de Tolkien, notre étude porte au contraire sur la manière dont
The Lord of
the Rings s'inscrit dans l'histoire littéraire britannique. Plus
précisément, notre étude met en regard deux tours littéraires
monumentales: The Lord of the Rings
et Great Expectations de
Charles Dickens, publiés en 1860-1861. De nombreux éléments, tant
narratifs, thématiques que stylistiques, font du roman de Dickens
l'hypotexte de celui de Tolkien. Nous étudierons ainsi de quelle
manière des éléments les plus saillants de l'intrigue aux subtilités
métafictionnelles la sous-tendent, Tolkien transpose non seulement sa
vision de sa civilisation mais aussi la manière dont Dickens l'a mise
en récit. Nous évoquerons aussi la manière dont l'adaptation
cinématographique de Peter Jackson met en évidence certains éléments de
cette relation hypertextuelle. De Pip à Frodo et de la tour de Londres
à Barad-dûr, nous chercherons, sous les empreintes poilues des hobbits
et dans les ombres qui les pourchassent, celles des enfants du XIXe
siècle qui leur ont ouvert la voie.
Dominique VIGOT
Depuis l'apparition d'internet, les amateurs de Tolkien ont commencé à
se retrouver malgré la distance, mêlant lecteurs de longue date et
curieux ayant découvert Arda via le cinéma. Le temps a passé, et il est
toujours d'actualité de faire connaître et reconnaître Tolkien pour ce
qu'il est, au-delà des a priori et des opinions à courte vue. A chaque
instant, le talent de Tolkien est tel qu'il ne peut se contenter du
seul monde anglophone, et il nous appartient de permettre au public
français de le découvrir avec émerveillement.
Dominique Vigot est rédacteur spécialisé
sur Tolkien pour elbakin.net depuis une dizaine d'année, site internet
oeuvrant pour la promotion de la fantasy; nous veillons à informer nos
lecteurs des évènements culturels et ludiques en lien avec les oeuvres
qui composent notre genre de prédilection, avec une place toute
particulière pour Tolkien et ses créations.
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BIBLIOGRAPHIE :
Tolkien et le
Moyen Age, dirigé par Leo Carruthers, 2007.
Tolkien et
ses légendes. Une expérience en fiction, Isabelle Pantin, 2009.
D’Asimov à
Tolkien, cycles et séries en littérature de genre, Anne Besson,
2004.
Tolkien. Le
Chant du monde, Charles Ridoux, 2004.
Tolkien 30
ans après..., sous la direction de Vincent Ferré, 2004, qui
avait également fait paraître Sur les rivages de la Terre du Milieu en
2001.
|
Avec
le soutien
de
l’Université Paris 13-Paris Nord (CENEL)
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