DIRECTION : Jean RICARDOU
ARGUMENT :
La textique? Une discipline nouvelle, inaugurée en 1985 au Collège International de Philosophie de Paris, visant à établir une théorie unifiante des structures de l’écrit.
Ses avantages? Pour la théorie: une coordination conceptuelle de mécanismes jadis et naguère plus ou moins bien pensés, une reformulation critique de certaines notions trop admises, ainsi qu’une réévaluation concertée de phénomènes négligés, voire méconnus, et une classification réfléchie de toutes les erreurs possibles. Pour la pratique: sur la base de la cardinale notion de lieu scriptuel, une analyse inédite, attentive, notamment, aux prétendues broutilles, ainsi que la possibilité de programmes et métaprogrammes d’écriture raisonnés permettant la correction et la récriture à plusieurs. En général: une clarté et une rigueur neuves, dans l'ordre de l’écriture et des concepts, et quant à l'invention, et quant à l'enseignement.
Sa méthode? Explorer par niveaux l'ensemble des structures loisibles, leurs problèmes et leurs effets, selon des matrices exhaustives à stipulation croissante, réfutables à mesure, le cas échéant, par tout contre-exemple analysé comme tel.
Le thème? Il s'agira, cette année, de concourir à l'unification du divers en examinant certaines structures dans des univers variés selon le jeu, construit par la textique, de cohérentes dénominations conceptuelles.
Le travail? Sur la base des écrits expédiés environ un mois à l’avance, l’on discutera toutes questions à tous égards soulevées.
Les participants? Toutes celles et tous ceux que le champ ainsi balisé et le travail du coup permis intéressent, et qui, sachant qu’une portion du séminaire, au début, sera consacrée à une initiation d’ensemble et à une information quant aux concepts majeurs, désirent venir à titre de participants actifs ou d'auditeurs curieux.
Les séances? En guise d’initiation ou de révision, un retour, pendant plusieurs séances, certaines étant des "mises à jour", sur la méthode et les enjeux. Puis le traitement des questions annoncées. Et non moins, chaque fin d’après-midi, en vue d’unir, ainsi qu'il sied, la théorie et la pratique, à partir d’un programme élémentaire, un atelier d’écriture.
L'inscription? Il est souhaitable, pour bénéficier du précoce envoi des écrits préparatoires, de l'accomplir au plus tôt.
CALENDRIER DÉFINITIF :
Lundi 2 août
Après-midi:
ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Soirée:
Présentation du Centre, du colloque, du séminaire et des participants
Mardi 3 août
Matin:
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (Initiation)
Après-midi:
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (Initiation)
Mercredi 4 août
Matin:
Jean RICARDOU: Unification fondamentale (Initiation)
Après-midi:
Jean RICARDOU: Unification fondamentale (Initiation)
Bestiaire ennéalogue (Atelier d’écriture)
Jeudi 5 août
Matin:
Mohamed INFI: Dialectique de l'empirisme et du systématisme (Invitation)
Après-midi:
Daniel BILOUS: Concepts majeurs (Révision)
Mohamed INFI: Dialectique de l'empirisme et du systématisme (Invitation)
Bestiaire ennéalogue (Atelier d’écriture)
Vendredi 6 août
Matin:
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Détermination rescriptive (Exploration)
Après-midi:
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Détermination rescriptive (Exploration)
Bestiaire ennéalogue (Atelier d’écriture)
Samedi 7 août
Matin:
Jean-Claude RAILLON: Plis (Exploration)
Après-midi:
Daniel BILOUS: Concepts majeurs (Révision)
Jean-Claude RAILLON: Plis (Exploration)
Bestiaire ennéalogue (Atelier d’écriture)
Dimanche 8 août
Matin:
Myriam LABADIE: Mosa... hic (Exploration)
Après-midi:
Myriam LABADIE: Mosa... hic (Exploration)
Bestiaire ennéalogue (Atelier d’écriture)
Lundi 9 août
Matin:
Jean RICARDOU: Intelligibilité structurale du trait (Exploration)
Après-midi:
Daniel BILOUS: Concepts majeurs (Révision)
Jean RICARDOU: Intelligibilité structurale du trait (Exploration)
Mardi 10 août
Matin:
Daniel BILOUS: Les risques de l'excès (Exploration)
Après-midi:
Daniel BILOUS: Concepts majeurs (Révision)
Daniel BILOUS: Les risques de l'excès (Exploration)
Bestiaire ennéalogue (Atelier d’écriture)
Mercredi 11 août
Matin:
Marc AVELOT: Peut-il y avoir une métatextique? (Invitation)
Après-midi:
Daniel BILOUS: Concepts majeurs (Révision)
Amandine CYPRÈS: Le mixte (Exploration)
Bestiaire ennéalogue (Atelier d’écriture)
Jeudi 12 août
Matin:
Perspective
Après-midi:
DÉPARTS
RÉSUMÉS :
INITIATION
Sitôt, d'une part, que la textique vise à établir une théorie unifiante des structures de l'écrit dans ses divers modes (schémique, grammique, iconique, symbolique), ce qui la voue à une exhaustivité contrôlée sur un domaine immense, et sitôt, d'autre part, que ses premiers efforts, comme tels, datent du milieu des années quatre-vingt, nul doute que, à l'orée du prochain séminaire, comme pour les années précédentes, se posent deux problèmes.
Celui de l'initiation, qui concerne les participants nouveaux qu'une curiosité intellectuelle aura porté à venir pour la première fois, car il est nécessaire, pour bien saisir la pensée textique, voire pour y concourir, d'être mis en possession, aussi soigneusement que possible, de la méthode et des enjeux.
Celui de la révision, qui concerne les participants habitués, voire chevronnés, car il est opportun, avant ces journées de réflexion intensive, de se remettre en tête, soigneusement, les grandes lignes du travail.
Cette initiation et cette révision se feront en trois phases à partir, notamment, des fascicules remis à jour pour 2010: Un aperçu de la textique par Gilles Tronchet, et Unification fondamentale de l'écrit par Jean Ricardou.
La première phase relève de la préparation: les deux fascicules étant expédiés, avec d'autres écrits, dans le courant de juin, les participants auront tout le loisir qu'ils s'accorderont pour en prendre connaissance à leur guise.
La deuxième phase ressortit à la discussion: les deux premières journées du séminaire étant réservées à de libres échanges oraux sur ces deux fascicules, les participants auront tout le loisir permis par les séances pour solliciter les éclaircissements éventuellement nécessaires, voire pour énoncer, très librement, d'éventuelles premières objections.
La troisième phase sollicite des révisions: en prélude à la séance de certaines des après-midi, une heure sera réservée, sous la responsabilité de Daniel Bilous, à une révision systématique des concepts majeurs.
Jean RICARDOU: Unification fondamentale (évolution 2010)
Si la textique peut envisager, d'emblée, une exhaustion des structures de l'écrit quel soit-il, c'est qu'elle procède par niveaux, du plus général au très particulier, en offrant, pour chacun d'eux, une matrice d'établissement sans reste. Ce sont alors deux choses distinctes qui deviennent possibles. La première, c'est, à tel niveau déterminé, de ne point laisser la moindre zone d'ombre. La deuxième, puisqu'il suffit, pour objecter, de montrer qu'une occurrence concevable n'est pas incluse dans les matrices, c'est de programmer, à chaque niveau, le loisir d'une réfutation éventuelle.
Quant aux deux plus générales matrices d'exhaustion textique, avec leurs divers concepts associés: la matrice modale et la matrice structurale, elles sont présentées, entre autres choses, par le fascicule Unification fondamentale.
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La matrice modale est d'allure arborescente.
D'abord un tronc commun, à savoir les schèmes, entendus, au plus général, comme "les zones déterminées, par au moins un différentiel, dans le champ qu'il implique".
Puis une première ramification, comportant, d'une part, les grammes, ou "schèmes capables de représenter en ce que, diversement liables aux sons d'au moins une langue selon certaines suites déterminées, ils permettent, par le relais d'une accréditation reçue, que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et, d'autre part, les icônes ou "schèmes capables de représenter en ce que, sans devoir être liés aux sons d'une langue, ils comportent, pour un récepteur envisagé, au moins un caractère déterminant de tel objet, ou type d'objet, concret ou abstrait, réel ou fictif, vu sous quelque angle, et dont l'idée, ainsi, s'ajoute à celle que l'on peut se faire d'eux-mêmes".
Enfin, une deuxième ramification, ajoutant les symboles ou "schèmes capables de représenter en ce qu'ils permettent, par le relais d'au moins une accréditation, reçue ou convenue, que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et qui, selon la base (schémique, grammique, iconique) sur laquelle ils s'appuient, forment trois types (les schémosymboles, les grammosymboles, les iconosymboles).
L'hypothèse de l'exhaustion des modes présume lors qu'un écrit, quel soit-il, ne saurait jamais comporter d'autres modes que le schémoscrit (l'écrit là où il est fait de schèmes stricts), le grammoscrit (l'écrit là où il est fait de grammes), l'iconoscrit (l'écrit là où il est fait d'icônes) et, sous ses trois variétés (le symbolo(schémo)scrit, le symbolo(grammo)scrit, le symbolo(icono)scrit), le symboloscrit.
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La matrice structurale restreinte, ici, à sa seule portion représentative est d'allure tabulaire.
Elle porte un couple principal flanqué d'un couple associé.
Le couple principal est formé de l'orthoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois que des schèmes permettent correctement que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes, si celle-ci semble convenir à tel ou tel objet réel ou fictif, concret ou abstrait", et de l'orthométareprésentation, déclarée advenue "chaque fois que, de manière organique, transparaissent, au-delà du régime représentatif, les "moyens", matériels notamment, qu'en son ordinaire fonctionnement l'orthoreprésentation à la fois requiert et estompe".
Le couple associé est formé de l'anorthoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois qu'un effet d'orthoreprésentation se trouve engagé et entravé", et de l'anorthométareprésentation "chaque fois qu'un effet d'orthométareprésentation se trouve engagé et entravé".
L'hypothèse de l'exhaustion structurale (représentative) présume lors que l'écrit représentatif ne se présente jamais sous d'autres structures que celles de l'écrit orthoreprésentatif (ou orthoscript), de l'écrit anorthoreprésentatif (ou anorthoscript), de l'écrit orthométareprésentatif (ou orthotexte), de l'écrit anorthométareprésentatif (ou anorthotexte).
C'est à une explicitation de ces catégories que procède le fascicule Unification fondamentale de l'écrit, et c'est à une élucidation de tous les écrits, quels soient-ils, et dans leurs moindres aspects, que, à partir des concepts plus pointus qu'impliquent ces deux matrices (la matrice modale et la matrice structurale) la textique a pour mission de procéder.
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (version 2010)
Proposant une simple présentation de la textique, ce fascicule est réactualisé chaque année, de façon à prendre en compte les acquis récents de la discipline ainsi que les remarques ou objections faites par les participants au séminaire antérieur. Il a une double visée: d'abord, fournir un historique succinct, pour montrer dans quelles conditions et selon quelles étapes la textique est apparue et s'est constituée en une discipline nouvelle ; puis, offrir un exposé des principaux concepts et outils d'analyse élaborés jusqu'à présent.
Tout d'abord, comme la textique s'efforce d'établir une théorie unifiante de l'écrit, il est indispensable d'expliquer la très large portée qu'elle donne à son objet, puis de préciser comment il trouve à se spécifier selon différents modes, permettant d'envisager, notamment, les particularités des caractères alphabétiques, des images et des symboles.
Ensuite, est retenu un domaine plus restreint et sans nul doute familier à tout lecteur, l'écrit représentatif relevant du mode grammique: cela correspond, quitte à simplifier un peu, aux écrits basés sur des séries de lettres, associables aux sonorités d'une langue et susceptibles, par équivalence avec d'autres séries, de faire surgir certaines idées (ainsi lorsqu'un terme s'échange avec sa définition). Il s'agit d'inventorier et d'expliciter les grandes catégories capables d'appréhender exhaustivement les structures possibles dans un écrit grammique: la textique prétend y parvenir, en l'attente d'une éventuelle démonstration contraire, susceptible de relancer la recherche.
Enfin, il a semblé utile de signaler quelques-uns des instruments analytiques servant à explorer en détail les dispositifs repérables dans un écrit représentatif, sachant que l'un des acquis majeurs de la textique consiste à distinguer, par rapport aux structures qui sont au service de la représentation, celles qui outrepassent un tel régime, en imposant leurs contraintes propres à la représentation, alors forcée de s'adapter. C'est le cas par exemple avec les rimes classiques, mais aussi avec beaucoup d'autres agencements irréductibles à la logique représentative, qui relèvent dès lors d'un régime métareprésentatif.
On admettra toutefois qu'un simple aperçu ne saurait dispenser à propos de la textique davantage qu'une information initiale: une approche théorique plus fouillée, débouchant sur une pratique effective de la discipline, exige de bien plus amples développements.
EXPLORATION
Daniel BILOUS: Les risques de l'excès
De précédentes "réflexions sur les écrits à effet de théorie" (Séminaire de textique, Cerisy, 2008) l’ont peut-être fait concevoir: dans les propos d’ordre théorique ou analytique, il est permis de saisir, comme l’a suggéré Jean Ricardou, non seulement les écrits où dominent les effets représentatifs, mais encore ceux où, à travers certains parallélismes suffisamment saillants pour être dits transparallélismes, ils surdominent.
Le premier de ces types d’écrit se signale par ce que, moyennant certain abus de langage, l’on appelle communément une "transparence de l’écrit même": en son ordinaire procès, la représentation est supposée soustraire à l’attention du spectateur les "moyens", matériels notamment, qu’elle requiert, selon une manière d’effacement qui libère ladite attention au bénéfice des représentés (les "idées" et leur jeu, dans le cadre de l’écrit théorique ou analytique). En fait, il s’agit d’un simple affaiblissement de ces "moyens", que la textique préfère appeler une atténuation en mode représentatif.
Quant au second type d’écrits, il est par hypothèse marqué de ce que, sans abus de langage, l’on peut nommer une transparition, en l’écrit même, de ces "moyens", notamment matériels, que la représentation requiert pour s’établir. En nombre d’écrits imbus de textique, ceux qu’en particulier signe Jean Ricardou, cette transparition met en évidence lesdits "moyens" en les soumettant à des parallélismes rigoureux — d’où le terme-valise de transparallélismes.
Dire que les effets représentatifs, alors, surdominent, c’est poser que cette transparition, en principe, ne capte l’attention que pour favoriser une saisie optimale des représentés. Aussi s’agit-il d’un simple renforcement de ces "moyens", pour ainsi dire selon une manière d’expressivité, et la textique parle à bon droit d’une exaltation en mode représentatif.
Or, il se trouve que, au sein de la deuxième famille (et dans la pratique d’ores et déjà observable), les transparallélismes, s’ils peuvent se voir astreints à une régulation qui favorise toute la clarté souhaitable, peuvent aussi se voir distribués selon un envahissement ubiquitaire, provoquant du coup, à force d’insistance et d’une manière contre-productive, certains pervers effets de brouillage.
L’actuelle contribution se promet, cette fois pour les établir et décrire sur pièces, d’envisager, à seule fin de s’en prémunir, les deux risques conjointement liés, dans ces parages, à l’excessif: touchant la clarté attendue, le risque du clinquant, et, s’agissant du régime propre à cette sorte d’écrits, le risque de ce que la discipline nomme, qu’elle s’avère correcte ou non, la métareprésentation.
Amandine CYPRÈS: Le mixte
La textique, théorie exhaustive des structures de l’écrit, parvient notamment, grâce à des matrices d’exhaustion, à établir l’identification et la classification rigoureuse de sortes d’écrits diverses.
Les écrits grammiques, par exemple, produisent un effet représentatif: ils permettent la venue d’idées (au-delà de celles concernant leurs "moyens" matériels (1) pour un récepteur envisagé.
Il est également possible d’observer, parmi les écrits grammiques, diverses autres sortes, tel l’écrit théorique par exemple (qui a fait l’objet – ou plutôt a été l’un des objets- de précédents séminaires et qu’il est possible de définir comme étant mis au service d'une certaine organisation de concepts, et se consacrant à saisir, au moins incorrect, telle catégorie d'objets en général (2).
S'agissant d'unifier le divers, "le mixte", tel que l’a illustré un ouvrage de Jean Ricardou intitulé Le théâtre des métamorphoses (Editions du Seuil, collection "Fiction & Cie", Paris, 1982), sera l’objet d’étude de la communication proposée, en ce qu’il expérimente l’unification de deux sortes d’écrits grammiques : ceux de théorie et ceux, disons, narratifs.
Une première phase de la communication tentera de préciser sur quoi repose l’opposition entre écrits théorique et narratif avant d’aborder la définition du "mixte".
Une deuxième phase s’appliquera à observer les cas de mixtes d’écrits théoriques et narratifs et à voir comment et jusqu’où l’unification des deux sortes d’écrits peut se réaliser.
1) Dans ce cas, donc, les "moyens" matériels des grammes (des zones issues d’un différentiel comparaissant dans le champ qu’elles impliquent, et qui, en étant diversement liables aux sons d’une langue, permettent de produire un effet représentatif).
2) Je reprends ici l’une des définitions avancées lors du séminaire de 2009.
Myriam LABADIE: Mosa... hic
Il arrive qu'un ouvrage, pour lequel on a quelque motif d'éprouver de l'intérêt, amène, par certains détails, quelque perplexité.
Faut-il, par déférence vis-à-vis de celle ou celui qui en est l'auteur, fermer les yeux (en feignant de n'avoir rien vu) ou fermer sa pensée (en songeant qu'"il doit y avoir de bonnes raisons")?
Tel n'est point l'avis de la textique.
En effet ce que, dans pareil cas, cette discipline préconise, c'est, d'une part, que l'on fournisse une étude précise des éléments mis en cause, et d'autre part, si, sous tel regard soigneux, l'on ne peut justifier le phénomène, bref, si la difficulté perdure, que l'on examine la possibilité, ou non, d'une correction, ce qui ne saurait s'établir que par les offices d'une tentative de perfectionnement.
C'est un exemple de cette procédure que l'on va s'efforcer de fournir, à partir des oeuvres de Mauritz Cornelius Escher intitulées "Mosaïc I" et "Mosaïc II".
Jean-Claude RAILLON: Plis
La textique nomme métareprésentation, ortho(méta)représentation quand il est correctement accompli, le mécanisme par lequel une structure porte, de manière organique, à transparaître comme tels les "moyens" notamment matériels qu’en régime représentatif de base, elle tend à estomper. Une spéciale occurrence de ce fonctionnement advient à l’endroit où quelque idée issue d’un écrit manifeste sa dépendance avec le dispositif responsable de son élaboration.
L’analyse d’une page de bande dessinée [1] fournira ici l’occasion d’observer de près ce phénomène de la pensée contrainte.
[1] "précisément, la première page du volume intitulé Philémon, La Mémémoire, par Fred, aux éditions Dargaud".
Jean RICARDOU: Intelligibilité structurale du trait
Cette contribution s'efforce de préciser beaucoup des choses que, s'agissant de ce que, non sans abus, à l'ordinaire on nomme "trait", l'on semble continuer à ne pas trop vouloir savoir.
Soucieuse de ménager au mieux les débutants en textique, elle défère au principe dit de l'"écrit bizoné", lequel échelonne, méthodiquement, deux sortes de régions.
D'une part, les plus fréquentes, des zones dites "coutumières", qui, n'usant, selon toute apparence, que de vocables habituels, divulguent, autant que possible, les résultats obtenus selon des voies plus construites dans la théorie.
Il s'agit, avec elles, de permettre une lecture plutôt facile à celles et ceux que l'on peut nommer les "novices".
D'autre part, les moins nombreuses, des zones dites "techniques", chacune fort visible à cause de leur présentation typographique, visant, avec le concours de la terminologie adéquate, à expliciter sans fléchir certaines bases de l'examen.
Il s'agit, avec elles, de permettre une lecture approfondie à celles et ceux qui souhaitent commencer, ou perfectionner, leur initiation.
Cet opuscule s'applique, sous les espèces de plusieurs brefs chapitres, à traiter deux sortes de questions.
Dans une première série, comportant treize sections, il s'efforce de faire saillir certains des périls encourus à s'en remettre aveuglément à la langue courante.
En effet cette langue courante (française en l'occurrence), si, par les offices du sien lexique (lequel stabilise des notions), et de la sienne syntaxe (laquelle pérennise des relations), elle prodigue un effectif concours à l'exercice de la pensée, en revanche, et, dans la mesure où plusieurs parmi ses vocables, avec leurs acceptions ou leur étymologie, enregistrent, les naturalisant, certaines bévues d'autrefois, elle risque également de maintenir la pensée dans des ornières.
Ainsi devrait paraître qu'il y a un désavantage, sous l'emprise des acceptions, à confondre ce que l'on appelle "trait" avec ce que l'on appelle "ligne", et, sous l'emprise de l'étymologie, à croire que le "trait" est, nécessairement, ce qui résulte d'une traction.
Dans une deuxième série, comportant dix-sept sections, cet opuscule s'efforce de saisir le "trait" sous divers angles.
Entre autres, celui de son existence (comme une forme tout à la fois partielle dans son étendue et double dans sa composition), celui de son institution (comme un spécial rapport d'une largeur à une longueur), celui de ses capacités (à constituer, à démarquer, à redoubler), celui de sa professionnalisation (comme occasion de séparer en rigueur ce qu'il est convenu d'appeler "dessin" et ce qu'il est convenu d'appeler "peinture").
Enfin, un chapitre terminal, intitulé "Exploration", s'avise de montrer que, lui fournissant des scalpels, l'effort théorique, au lieu d'en éloigner, soutient l'effort analytique.
Il procède ainsi, quant à une œuvre contemporaine:
illustrant, par les bons soins de Myriam Labadie, la couverture du livre de Maurice de Gandillac et de Jean Ricardou, Bestiaire latéral (Atelier de l'Agneau, 33220 Saint-Quentin de Caplong) et semblant, du moins à prime regard, n'en point trop offrir, à un examen de quelques-uns parmi ses "traits".
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Détermination rescriptive
Si l’on entend par écrit tout "ensemble d’éléments différenciés dans un champ", alors il est loisible d’entendre par récrit tout "ensemble d’éléments différenciés dans un champ sitôt qu’il subit, quelle soit-elle, une transformation".
Et, par suite, dans la perspective d’exhaustion adoptée par la textique, il sied d’établir un jeu de concepts sachant, au moins mal, couvrir, en tel domaine, la totalité des structures génériques possibles.
Pour favoriser cet établissement, la présente contribution (qui, notons-le entre parenthèses, expérimentera, au niveau de sa procédure, celle nommée multirubrication) examinera, en ne tenant compte, pour l’heure, que de la sphère des lettres, si le récrit ne pourrait pas recevoir une couple de déterminations majeures.
L’une portera sur sa composition.
En effet l’on postulera qu’il existe un ensemble de récrits qui, par rapport à leurs écrits de base respectifs, présentent une transformation formelle d’un plus ou moins grand nombre d’éléments.
Par conséquent l’on subdivisera le récrit formel en deux types.
L’on appellera récrit formel local tout écrit résultant, vis-à-vis d’un écrit de base, d’une transformation minoritaire de l’ensemble de ses éléments sous l’angle de leur forme.
L’on appellera récrit formel global tout écrit résultant, vis-à-vis d’un écrit de base, d’une transformation majoritaire de l’ensemble de ses éléments sous l’angle de leur forme.
L’autre portera sur sa configuration.
En effet l’on postulera qu’il existe un ensemble de récrits qui, par rapport à leurs écrits de base respectifs, présentent une transformation positionnelle d’un plus ou moins grand nombre d’éléments.
Par conséquent l’on subdivisera le récrit positionnel en deux types.
L’on appellera récrit positionnel local tout écrit résultant, vis-à-vis d’un écrit de base, d’une transformation minoritaire de l’ensemble de ses éléments sous l’angle de leur position.
L’on appellera récrit positionnel global tout écrit résultant, vis-à-vis d’un écrit de base, d’une transformation majoritaire de l’ensemble de ses éléments sous l’angle de leur position.
En outre il conviendra, au sein de chaque type de récrit, d’en approfondir l’intelligibilité par le déploiement de certaines spécifications.
INVITATION
Mohamed INFI: Dialectique de l'empirisme et du systématisme
Après une définition circonstanciée des trois termes constituant l’intitulé de notre contribution, nous déclinons notre objectif: contribuer, un tant soit peu, à l’unification du divers en articulant l’empiricité et la systématicité grâce au processus dialectique. L’empirisme engloberait l’expérience, l’observation, la pratique, l’analyse..., bref le divers. Le systématisme désignerait une méthode visant à faire entrer dans un moule théorique les différents éléments composant ce divers. Et c’est le processus dialectique qui nous fait passer, de façon réversible, de l’un à l’autre, tout en inscrivant, chaque fois, si minime ou si grandissime soit-elle, une amélioration des écrits textiques, que ceux-ci soient théoriques ou analytiques.
Pour illustrer notre propos, nous avons choisi de prendre nos exemples dans la "littérature" textique, même.
RÉVISION
Daniel BILOUS: Concepts majeurs
Au cours des séances prévues, l'on abordera, avec le souci de les faire bien saisir, et choisis dans le massif théorique Intelligibilité structurale de l'écrit, Évolution 2009, les concepts suivants.
Première séance: La textique - Ecrit (schème, comparution)
Textique: discipline animée d'un double souci: d'une part, celui de concourir à une théorie unifiée des structures de l'écrit, quel soit-il, sous ses divers aspects; d'autre part, celui d'établir, conjointement, une théorie unifiée de l'activité d'écriture, quelle soit-elle, sous ses divers aspects (ISE (09), UF-4.1).
Ecrit: ensemble des composants d'un champ rendu sensible au moins par un effet différentiel (ISE (09), UF-4.5).
Schèmes: zones différenciées qui comparaissent dans le champ qu'elles impliquent (ISE (09), UF-6.3).
Comparution: opération universelle par laquelle, selon la schémisation, un effet différentiel impliquant un champ y fait advenir toujours, sur sa totalité, au moins deux schèmes (ISE (09), UF-6.10).
Deuxième séance: Modes (strictoschémique, grammique, iconique, symbolique)
Strictoschèmes: schèmes qui ne produisent pas un effet représentatif (ISE (09), UF-6.7).
Mode schémique: manière d'être d'un écrit quand il est fait de strictoschèmes (ISE (09), UF-6.9).
Grammes: schèmes permettant de produire un effet représentatif en ce que, diversement liables, par le relais d'une spéciale association reçue, aux sons d'au moins une langue selon certaines suites déterminées, ils contribuent à permettre que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, au moins une autre idée à celles qu'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (09), UF-7.5).
Mode grammique: manière d'être d'un écrit quand il est fait de grammes (ISE (09), UF-7.9).
Icônes: schèmes permettant de produire un effet représentatif en ce que, sans devoir être liés aux sons d'une langue, ils comportent, pour un récepteur envisagé, au moins un caractère déterminant de tel objet ou type d'objet distinct, concret ou abstrait, réel ou fictif, vu sous un certain angle, dit objet concerné, et dont l'idée, ainsi, s'ajoute à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (09), UF-7.11).
Mode iconique: manière d'être d'un écrit quand il est fait d'icônes (ISE (09), UF-7.15).
Symboles: schèmes permettant de produire un effet représentatif en ce qu'ils rendent possible que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, directement ou indirectement, par le relais au moins d'une spéciale association, reçue ou convenue, au moins une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (09), UF-7.17).
Mode symbolique: manière d'être d'un écrit quand il est fait de symboles (ISE (09), UF-7.21).
Troisième séance: Structures (morphismes, chorismes) - Régimes (représentation, métareprésentation)
Structure: relation ou famille de relations permettant une cohérence de certains éléments, laquelle se trouve liée, ainsi, à une opérativité capable de certains effets (ISE (09), UF-5.1).
Paramètre: aspect de l'écrit susceptible d'une détection et d'une structuration (ISE (09), UF-35.2).
- paramètre phanique: apparence d'un schème sous ses divers aspects
- hypoparamètre morphophanique: bordement d'un schème
- paramètre chorique: situation d'un schème sous ses divers aspects
Orthoreprésentation: opération par laquelle des schèmes permettent correctement que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, au moins une autre idée à celles qu'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (09), UF-8.5).
Ortho(méta)représentation: opération par laquelle un écrit porte à tendanciellement transparaître, organiquement, de façon directe ou indirecte, au-delà de l'ortho(baso)représentation, les "moyens", matériels notamment, qu'en son ordinaire procès celle-ci à la fois requiert et, en son conjoint effet occultatif, estompe (ISE (09), UF-12.5).
Quatrième séance: Effectuation (orthostructure, anorthostructure) - Pratique (Ecriture, récriture)
Effectuations structurales: divers accomplissements par lesquels s'obtient une structure (ISE (09), UF-5.36).
Orthostructure: structure censée correcte en sa logique (ISE (09), UF-5.39).
Anorthostructure: structure censée incorrecte en sa logique (ISE (09), UF-5.40).
Ecriture: enchaînement des opérations qui concourent à la venue d'un écrit dans ses diverses structures (ISE (09), UF-4.22).
Récriture: enchaînement des opérations qui concourent, à partir d'un écrit, à la venue d'un nouvel autre écrit dans ses diverses structures.
ATELIER D'ÉCRITURE
Les règles du BESTIAIRE
Le travail quotidien en Atelier d'écriture se fera en deux phases sur la base d'un programme, lié à de précises considérations théoriques, mais qu'il est possible d'honorer d'une façon toute naïve, en suivant simplement, au mieux, les neuf prescriptions que voici :
Première règle: Chaque écrit, destiné à un perfectionnement collectif, et pouvant ultérieurement faire partie d'un corpus intitulé BESTIAIRE, sera établi de façon individuelle sous les relatives apparences d'un article encyclopédique ayant pour thème un animal fantastique.
Deuxième règle: Il débutera par le nom de l'animal, précédé d'un article défini, et se terminera par une mise en rapport de cet être avec un autre dont le nom, formant le dernier mot de l'ultime ligne, et l'article qui le précède seront mentionnés avec des points de suspension (en principe, dans le corpus, cette zone recevra le titre de l'écrit suivant).
Troisième règle: Il adoptera, en guise de titre, le nom de l'animal, exclusivement composé avec le plus grand nombre possible des lettres du mot BESTIAIRE.
Quatrième règle: Il choisira, pour ce nom, une combinaison de ces lettres capable de fournir approximativement un certain sens.
Cinquième règle: Il déterminera, à partir du sens ainsi produit, certains caractères majeurs de l'animal.
Sixième règle: Il se composera d'une série de neuf lignes, toutes faites de neuf mots.
Septième règle: Il manifestera au moins une fois, en les comportant à des places respectives notables, les lettres du mot de base, BESTIAIRE.
Huitième règle: Il présentera, si possible, au moins une mention capable d'assurer une désignation de certains des aspects matériels du mot de base, BESTIAIRE.
Neuvième règle: Il offrira, si possible, au moins une mention capable d'évoquer certain de ses propres aspects matériels hors ceux qu'il partage avec le mot de base, BESTIAIRE.
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La première phase sera consacrée, sur plusieurs séances, à la lecture et à la récriture collectives, selon une méthode stricte, d'un des écrits qu'auront composé, dans cette optique, au préalable, certains participants.
La deuxième phase, au fil des séances suivantes, et en vue de pratiquer et de théoriser, s'agissant de l'interscrit, une variante paradoxale (dite l'inter(arthro)scrit), sera vouée à un ré-examen et à un accroissement de l'articulation pouvant réunir deux écrits, assez anciens, composés dans les années quatre-vingt: L'eresit et L'esare.
l'ERESIT
l'érésit est uneBête altière aux ailes ligneuses; bistre, sa couleur l'Exige au loin du tibre; comme elle développe uneScripturale stratégie, ses rites hérétiques sont hypocritement réticulaires: elleTorture les êtres par son Bord Et Ses TextilesIntersections. Avec Insistance, Rigueur, Elle étire, de ses plumesAcérées, en partant de la gauche, neuf parallèles, qu'Inévitablement recoupent, à angle droit, de belles stries formantRésille; souvent s'y abrite, en bas, triste, captureExtrême, autre bizarrerie, l... ... (d'après E.H.)
l'ESARE
L'ésare type ressemble fort, apparemment, au risible Tab
Et le même air de bêtise semble leur caractéristique.
Symétrique partout, ne subsiste cependant qu'une des ailes.
A part cela le subtil volatile est vraiment parfait.
Rapport aux mœurs, il est bien le meilleur ami
Envisageable pour le très beau Satyre dont il sera
Toujours (bonheur des antithèses) un faire-valoir merveilleusement décati.
Inconvénient: il veut toujours, mais sans succès, vous imiter.
Bicolores, comme nonnes en messe, ils évoquent (l... ..e)
(d'après M.A.)