DU MERCREDI 1er AOÛT (19 H) AU SAMEDI 11 AOÛT
(14 H) 2007
DIRECTION : Jean RICARDOU
ARGUMENT :
La textique? Une discipline nouvelle, inaugurée en 1985 au Collège International de Philosophie de Paris, visant à établir une théorie unifiée des structures de l’écrit, classique et moderne, dans ses divers modes (schémique, grammique, iconique, symbolique).
Ses avantages? Pour la théorie: une coordination conceptuelle de mécanismes jadis et naguère plus ou moins bien pensés, une reformulation critique de certaines notions trop admises, ainsi qu’une réévaluation concertée de phénomènes négligés, voire méconnus, et une classification réfléchie de toutes les erreurs possibles. Pour la pratique: sur la base de la cardinale notion de lieu scriptuel, une analyse inédite, attentive, notamment, aux prétendues broutilles, ainsi que la possibilité de programmes et métaprogrammes d’écriture raisonnés permettant la correction et la récriture à plusieurs. En général: une clarté et une rigueur neuves, dans l'ordre de l’écriture et des concepts, quant à l'invention et à l'enseignement.
Sa méthode? Explorer par niveaux l'ensemble des structures loisibles, leurs problèmes et leurs effets, selon des matrices exhaustives à stipulation croissante, réfutables à mesure, le cas échéant, par tout contre-exemple analysé comme tel.
Le thème? L'on reviendra, cette année, dans l’optique d’une systématisation, et à partir, pour l’essentiel, des contributions de l’an dernier, revues et approfondies, sur la question des aspects de l’écrit.
Le travail? Sur la base des documents expédiés environ un mois à l’avance, l’on discutera toutes questions à tous égards soulevées.
Les participants? Celles et ceux que le champ ainsi balisé et le travail du coup permis intéressent, et qui, sachant que le début du séminaire sera consacré à un recyclage, désirent venir à titre de participants actifs ou d'auditeurs curieux, mais, aussi, outre les texticiens résolus, certains chercheurs qui, sans s’inféoder à la textique, souhaitent prendre ou reprendre contact en présentant, selon les aspects d’un compagnonnage, soit des objections, soit des travaux.
Les séances? En guise d’initiation ou de révision, un retour, pendant plusieurs séances, certaines étant des « cyclos », sur la méthode et les enjeux. Puis le traitement des questions annoncées. Et non moins, chaque fin d’après-midi, en vue d’unir, ainsi qu'il sied, la théorie et la pratique, un atelier d’écriture à partir d’un programme élémentaire.
L'inscription? Il est souhaitable de l'accomplir au plus tôt, si possible avant le 15 mai, pour bénéficier du précoce envoi des écrits préparatoires.
CALENDRIER DÉFINITIF :
(NB: Gilles TRONCHET n'ayant pu assister au séminaire, les séances liées à ses deux contributions prévues, un Aperçu de la textique et Problèmes de la paramétrie phonique n'ont pu avoir lieu)
Mercredi 1er août
Après-midi:
ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Soirée:
Présentation du Centre, du séminaire et des participants
Jeudi 2 août
Matin:
Compagnonnage
Marc AVELOT: Questions de méthode (sur le fonctionnement du séminaire)
Après-midi:
Recyclage
Jean RICARDOU: Unification fondamentale
Atelier d'écriture : BESTIAIRE ENNÉALOGUE
Vendredi 3 août
Matin:
Jean RICARDOU: Unification fondamentale
Après-midi:
Cyclos Concepts majeurs
Daniel BILOUS: Ecrit: schèmes, comparution
Exploration
Jean RICARDOU: Détermination paramétrique
Atelier d'écriture : BESTIAIRE ENNÉALOGUE
Samedi 4 août
Compagnonnage
Matin:
Bernardo SCHIAVETTA: Reprise des objections
Après-midi:
Exploration
Virginie ARANCED: Paramètres en jeu dans certains raccords cinémato-graphiques (Dracula de F.F. Coppola)
Dimanche 5 août
Exploration
Matin:
Daniel BILOUS: Coups de billard (un jeu de paramètres)
Après-midi:
Cyclos Concepts majeurs
Daniel BILOUS: Modes: strictoschémique, grammique, iconique, symbolique
Sandra SIMMONS: Au bord d’un trait constitutif (Margelles)
Atelier d'écriture : BESTIAIRE ENNÉALOGUE
Lundi 6 août
Exploration
Matin:
Michel SIRVENT: Paramètres en jeu dans un écrit polymodal (Circus de Maurice Roche)
Après-midi:
REPOS
Mardi 7 août
Exploration
Matin:
Jean RICARDOU: Page (une dyade paramétrique)
Après-midi:
Cyclos Concepts majeurs
Daniel BILOUS: Structures: morphismes, chorismes
Jean RICARDOU: Page (une dyade paramétrique)
Atelier d'écriture : BESTIAIRE ENNÉALOGUE
Mercredi 8 août
Exploration
Matin:
Myriam LABADIE: Pour une spécification paramétrique
Après-midi:
Myriam LABADIE: Pour une spécification paramétrique
Jeudi 9 août
Exploration
Matin:
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Rage (une dyade paramétrielle)
Après-midi:
Cyclos Concepts majeurs
Daniel BILOUS: Régimes: représentation, métareprésentation
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Rage (une dyade paramétrielle)
Atelier d'écriture : BESTIAIRE ENNÉALOGUE
Vendredi 10 août
Exploration
Matin:
Jean-Claude RAILLON: Images d’un paramètre: le point de vue
Après-midi:
Cyclos Concepts majeurs
Daniel BILOUS: Effectuation: orthostructures, cacostructures
Jean-Claude RAILLON: Images d’un paramètre: le point de vue
Atelier d'écriture : BESTIAIRE ENNÉALOGUE
Samedi 11 août
Matin:
Fonctionnement du CORTEX (Cercle Ouvert de Recherche en TEXtique)
Après-midi:
DÉPART DES PARTICIPANTS
RÉSUMÉS :
RECYCLAGE :
Sitôt, d'une part, que la textique vise à établir une théorie unifiée des structures de l'écrit dans ses divers modes (schémique, grammique, iconique, symbolique), ce qui la voue à une exhaustivité contrôlée sur un domaine immense, et sitôt, d'autre part, que ses premiers efforts, comme tels, datent du milieu des années quatre-vingt, nul doute qu'à l'orée du prochain séminaire, comme pour les années précédentes, se posent deux problèmes.
Celui de la révision, qui concerne les participants habitués, voire chevronnés, car il est opportun, avant ces journées de réflexion intensive, de se remettre en tête, soigneusement, les grandes lignes du travail.
Celui du recyclage, qui concerne les participants nouveaux qu'une curiosité intellectuelle aura porté à venir pour la première fois, car il est nécessaire pour bien saisir la pensée textique, voire pour y concourir, d'être mis en possession, aussi soigneusement que possible, de la méthode et des enjeux.
Cette révision et ce recyclage se feront en trois phases à partir des fascicules remis à jour pour 2007 : Un aperçu de la textique par Gilles Tronchet, et Unification fondamentale de l'écrit par Jean Ricardou.
La première phase relève de la lecture: les deux fascicules étant expédiés, avec d'autres écrits, dans le courant de juin, les participants auront tout le loisir qu'ils s'accorderont pour en prendre connaissance à leur guise.
La deuxième phase ressortit à la discussion: les deux premières journées du séminaire étant réservées à de libres échanges oraux sur ces deux fascicules, les participants auront tout le loisir permis par les séances pour solliciter les éclaircissements éventuellement nécessaires, voire pour énoncer, très librement, de premières objections.
La troisième phase sollicite des cyclos: en prélude à la séance de chaque après-midi, une heure sera réservée, sous la responsabilité de fidèles participants, à une révision systématique des concepts majeurs (JR).
Jean RICARDOU: Unification fondamentale (évolution 2007)
Si la textique peut envisager, d'emblée, une exhaustion des structures de l'écrit quel soit-il, c'est qu'elle procède par niveaux, du plus général au très particulier, en offrant, pour chacun d'eux, une matrice d'établissement sans reste. Ce sont alors deux choses distinctes qui deviennent possibles. La première, c'est, à tel niveau déterminé, de ne point laisser la moindre zone d'ombre. La deuxième, puisqu'il suffit de montrer qu'une occurrence concevable n'est pas incluse dans les matrices pour objecter, c'est de programmer, à chaque niveau, une réfutation éventuelle.
Le fascicule Unification fondamentale présente, notamment, les deux plus générales matrices d'exhaustion textique, avec leurs divers concepts associés: la matrice modale et la matrice structurale.
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La matrice modale est d'allure arborescente.
D'abord un tronc commun, les schèmes, entendus comme "les zones déterminées, par au moins un différentiel, dans le champ qu'il implique".
Puis une première ramification, avec, d'une part, les grammes, ou "schèmes capables de représenter en ce que diversement liables aux sons d'au moins une langue selon certaines suites déterminées, ils permettent, par le relais d'une accréditation reçue, que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et, d'autre part, les icônes ou "schèmes capables de représenter en ce que, sans devoir être liés aux sons d'une langue, ils comportent, pour un récepteur envisagé, au moins un caractère déterminant de tel objet, ou type d'objet, concret ou abstrait, réel ou fictif, vu sous quelque angle, et dont l'idée, ainsi, s'ajoute à celle que l'on peut se faire d'eux-mêmes".
Enfin, une deuxième ramification, avec les symboles ou "schèmes capables de représenter en ce qu'ils permettent, par le relais d'au moins une accréditation, reçue ou convenue, que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et qui, selon la base (schémique, grammique, iconique) sur laquelle ils s'appuient, forment trois types (les schémosymboles, les grammosymboles, les iconosymboles).
L'hypothèse de l'exhaustion des modes présume lors qu'un écrit, quel soit-il, ne saurait jamais comporter d'autres modes que le schémoscrit, le grammoscrit, l'iconoscrit et, sous ses trois variétés (le symbolo(schémo)scrit, le symbolo(grammo)scrit, le symbolo(icono)scrit), le symboloscrit.
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La matrice structurale (représentative) est d'allure tabulaire.
Elle porte un couple principal flanqué d'un couple associé.
Le couple principal est formé de l'orthoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois que des schèmes permettent correctement que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes, si celle-ci semble convenir à tel ou tel objet réel ou fictif, concret ou abstrait", et de l'orthométareprésentation, déclarée advenue "chaque fois que, de manière organique, transparaissent, au-delà du régime représentatif, les "moyens", matériels notamment, qu'en son ordinaire fonctionnement l'orthoreprésentation à la fois requiert et estompe".
Le couple associé est formé de la cacoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois qu'un effet d'orthoreprésentation se trouve engagé et entravé", et de la cacométareprésentation déclarée advenue "chaque fois qu'un effet d'orthométareprésentation se trouve engagé et entravé".
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L'hypothèse de l'exhaustion structurale (représentative) présume lors que l'écrit représentatif ne se présente jamais sous d'autres structures que celles de l'écrit orthoreprésentatif (ou orthoscript), de l'écrit cacoreprésentatif (ou cacoscript), de l'écrit orthométareprésentatif (ou orthotexte), de l'écrit cacométareprésentatif (ou cacotexte).
C'est à une explicitation de ces catégories que procède le fascicule Unification fondamentale de l'écrit, et c'est à une élucidation de tous les écrits, quels soient-ils, et dans leurs moindres aspects, que, à partir des concepts plus pointus qu'impliquent ces deux matrices (la matrice modale et la matrice structurale) la textique a pour mission de procéder.
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (version 2007)
Proposant une simple présentation de la textique, ce fascicule est réactualisé chaque année, de façon à prendre en compte les acquis récents de la discipline ainsi que les remarques ou objections faites par les participants au séminaire antérieur. Il a une double visée: d'abord, fournir un historique succinct, pour montrer dans quelles conditions et selon quelles étapes la textique est apparue et s'est constituée en une discipline nouvelle ; puis, offrir un exposé des principaux concepts et outils d'analyse élaborés jusqu'à présent.
Tout d'abord, comme la textique s'efforce d'établir une théorie unifiée de l'écrit, il est indispensable d'expliquer la très large portée qu'elle donne à son objet, puis de préciser comment il trouve à se spécifier selon différents modes, permettant d'envisager, notamment, les particularités des caractères alphabétiques, des images et des symboles.
Ensuite, est retenu un domaine plus restreint et sans nul doute familier à tout lecteur, l'écrit représentatif relevant du mode grammique: cela correspond, quitte à simplifier un peu, aux écrits basés sur des séries de lettres, associables aux sonorités d'une langue et susceptibles, par équivalence avec d'autres séries, de faire surgir certaines idées (ainsi lorsqu'un terme s'échange avec sa définition). Il s'agit d'inventorier et d'expliciter les grandes catégories capables d'appréhender exhaustivement les structures possibles dans un écrit grammique: la textique prétend y parvenir, en l'attente d'une éventuelle démonstration contraire, susceptible de relancer la recherche.
Enfin, il a semblé utile de signaler quelques-uns des instruments analytiques servant à explorer en détail les dispositifs repérables dans un écrit représentatif, sachant que l'un des acquis majeurs de la textique consiste à distinguer, par rapport aux structures qui sont au service de la représentation, celles qui outrepassent un tel régime, en imposant leurs contraintes propres à la représentation, alors forcée de s'adapter. C'est le cas par exemple avec les rimes classiques, mais aussi avec beaucoup d'autres agencements irréductibles à la logique représentative, qui relèvent dès lors d'un régime métareprésentatif.
On admettra toutefois qu'un simple aperçu ne saurait dispenser à propos de la textique davantage qu'une information initiale: une approche théorique plus fouillée, débouchant sur une pratique effective de la discipline, exige de bien plus amples développements.
EXPLORATION :
Virginie ARANCED: Paramètres en jeu dans certains raccords cinémato-graphiques (Dracula de F.F. Coppola)
Cette contribution s'attachera à suivre une étude précise de quelques occurrences de raccords cinématographiques dans le film de Francis Ford Coppola: Dracula.
Entendons par le mot "raccord", la réunion de deux plans successifs ou de deux séquences dans un film. C'est donc le lieu d'un enchaînement entre deux unités au niveau de l'image (iconoscrit) et du son (phonoscrit).
Les termes "plan" et "séquence" sont à expliciter également:
- le "plan" est une suite continue d'images enregistrées par la caméra au cours d'une même prise;
- la "séquence" est une scène d'un film située le plus souvent dans un même lieu et constituée d'une suite de plans.
Le travail mené dans cette analyse utilisera la démarche et la terminologie de la textique (théorie unifiée des structures de l'écrit) dans un domaine jusqu'alors peu approché par cette discipline, à savoir, l'écrit cinématographique.
Pour chaque occurrence, le rôle des paramètres sera pris en compte et spécifié.
Remarque: La terminologie textique sera aisément repérable, dans la contribution écrite, car elle se présentera, comme ici, graissée.
Daniel BILOUS: Coups de billard (un jeu de paramètres)
Lorsqu'un écrit associe au moins un énoncé linguistique et une image, la textique parle d'un écrit bi-modal (à la fois grammique et iconique). Tel est notamment le cas de certaines publicités.
L'on prendra pour objets d'analyse, d'un côté, une page où se trouvent décrits certains articles de jeux, principalement des billards, extraite du Catalogue de la manufacture d'armes et cycles de Saint-Etienne, année 1928 (Bibliothèque de l'Image, Paris 1997, p. 228), de l'autre, une affiche qui vante une marque particulière, Billards Brunswick, reproduite d'après une carte postale.
Et l'on proposera, au gré d'une lecture comparative, d'identifier, sur l'un et l'autre des modes, les aspects passibles d'une détection et d'une structuration, autrement dit les paramètres, que travaillent ces écrits, à seule fin d'observer, en l'un et l'autre, le détail de leur jeu et leur implication dans les structures à l'œuvre.
Myriam LABADIE: Paramètres différentiels optiques
1- Questions préliminaires
Aspirant à une déméconnaissance des phénomènes, la textique peut quelquefois être amenée à reconsidérer certains concepts ou à réorganiser les matrices qui les articulent.
Ainsi, portant, depuis le séminaire 06, une attention toute particulière aux paramètres de l’écrit, les avancées théoriques établies dans le promptuaire de référence (Intelligibilité Structurale de l’Ecrit, évolution 07) laissent néanmoins subsister certaines difficultés d’ordre terminologique, comme celle du "paramètre morphique", ou d’ordre conceptuel, comme avec la liste des paramètres et le statut particulier du chorisme et du morphisme.
L'on se propose donc de revenir sur ces problèmes.
2- Paramètres différentiels optiques
A n’envisager, pour l’heure, que les écrits relevant d’une paramétrie optique, et dans l’hypothèse qu’il en va peut-être ainsi de tous les phénomènes, il semble possible d’isoler deux familles de paramètres: les paramètres différentiels, les paramètres morphoschémiques.
Les premiers sont ceux qui permettent au différentiel d’advenir: couleur, luminosité, densité par exemple.
Les deuxièmes caractérisent ce qui, sitôt envisagé comme une "forme se détachant sur un fond", devient un objet indépendant: taille, silhouette, orientation par exemple.
L’on examinera la seule première catégorie, même si la frontière est incertaine dans la mesure où il existe une rétroaction de la "forme" sur le différentiel qui l’autorise.
Jean-Claude RAILLON: Images d’un paramètre: le point de vue
Le paramètre du point de vue joue un rôle majeur dans le mécanisme des icônes en textique. Il détermine l’angle sous lequel les structures de ce genre disposent à voir les objets qu’elles représentent. Or lui-même, ce paramètre est susceptible d’être visé par un jeu représentatif. L’on se propose d’examiner les miroitements qui en résultent, et d’autres phénomènes.
L’objet mis à l’étude sera un dessin de presse sur le thème du confinement des volailles:
Outre la relation entre cette idée et l’espace clos d’une page, c’est aussi le rapport entre une image et son emplacement sur le feuillet qui retiendra l’attention, le même tracé évoquant à tel endroit, une empreinte de patte au sol et à tel autre, une silhouette d’oiseau dans le ciel. Le spectacle de ce décollement est emblématique de la représentation et de ses liens, quoi qu’elle obtienne, avec la base où elle s’éploie.
Jean RICARDOU: Détermination paramétrique
La textique visant à établir une théorie unifiée des structures de l'écrit, il lui faut envisager deux choses: d'une part, évidemment, les structures liées à ses divers modes; d'autre part, concurremment, les paramètres en cause dans ces structures et sous tels modes.
S'agissant des structures, c'est-à-dire des relations ou familles de relations permettant une cohérence de certains éléments forts d'une opérativité capable de certains effets, la textique a déjà construit, susceptibles elles-mêmes de croisement, les cinq matrices d'exhaustion majeures : la matrice catégorielle, la matrice modale, la matrice régimale, la matrice graduative, la matrice effectuative.
S'agissant des paramètres, c'est-à-dire des aspects passibles d'une détection et d'une structuration, elle se donne pour tâche, avec le séminaire 2007, à défaut d'une exhaustion qui pour l'instant, dans la mesure où elle ressortit à l'énumératif, demeure programmatique, et après une première mise en place déjà faite, d'engager, sous deux angles, une nouvelle mise au clair.
D'un côté, avec la présente contribution, et selon une suite de brefs chapitres, l'élaboration d'un cadre théorique strict, sous les espèces de plusieurs concepts dont ceux d'hypo-paramètre (entendu comme tout sous-aspect selon lequel un aspect, éventuellement, peut lui-même recevoir une sous-spécification), de paramétrème (entendu comme toute unité avec laquelle peut s'accomplir une mesure paramétrique), de paramétries (entendues comme les familles cohérentes en lesquelles peuvent être groupés les paramètres), de détermination paramétrique modale (entendue comme l'opération capable de spécifier, en fonction des modes à l'œuvre (schémique, grammique, iconique, symbolique), les paramétries en cause dans une occurrence).
D'un autre côté, avec les diverses contributions proposées, et notamment celle qui s'intitule Page (une dyade paramétrique), des réflexions plus pointues, ainsi que l'examen de situations où s'avèrent certaines relations, voire certaines interactions, entre les paramètres.
Jean RICARDOU: Page (une dyade paramétrique)
Qu'un écrit puisse être tributaire de l'espace à deux dimensions, voilà, semble-t-il, qui ne heurte point trop l'intellect. La pensée, même, devient plus évidente encore si, et pour reprendre un langage ordinaire, l'on songe aux écrits alphabétiques.
En effet, ce qui se trouve lors concerné, ce sont, pour le dire trop vite, deux sortes de surfaces: celle, exiguë, nécessaire à la venue de chaque "lettre", et celle, étendue, nécessaire à la venue des écrits diversement tronçonnés sur quelque page.
Aux fins de saisir l'écrit paginal dans toutes ses variétés, l'on se propose d'établir une typologie sans reste.
L'on distinguera, d'abord, les deux concepts de spatialisation et de tabularisation.
L'on appellera spatialisation, la nécessité structurale inhérente aux écrits segmentaires survenus au moins chaque fois qu'il y a division et répartition, en proche parallèle, de leurs fragments ainsi obtenus.
L'on appellera tabularisation, l'opérativité sur-structurale permise par cette nécessité.
L'on distinguera, ensuite, les deux loisibles catégories d'écrits tabulaires.
L'on parlera d'écrit linéo-tabulaire chaque fois que peut être mis en évidence un effet sur-structurant de la spatialité pensable en linéarité.
L'on parlera d'écrit tabulo-linéaire chaque fois que peut être mis en évidence un effet sur-structurant de la spatialité impensable en linéarité.
L'on examinera, également, les éventualités de part et d'autre : d'un côté, par restriction, le prétendu écrit seulement linéaire; d'un autre côté, l'effectif écrit à mixage des tabulaires.
Ajoutons que chacun des types sera examiné sur quelque exemple.
Ainsi, s'agissant des écrits linéo-tabulaires, l'on examinera, avec soin, deux sonnets de Charles Baudelaire: "Parfum exotique" et "Sisina".
Ainsi, s'agissant des écrits tabulo-linéaires, et après avoir noté, d'une part, que Un coup de dés (de Stéphane Mallarmé) est un écrit alphabétique à éploiement syntaxique, d'autre part que les Calligrammes (de Guillaume Apollinaire), dont "Paysage", "Fumées", "Du coton dans les oreilles", "Poème épistolaire (à André Billy)", sont des écrits alphabétiques à éploiement iconique, l'on observera, sur un groupe d'écrits inédits à variations spatiales, composé pour la circonstance, ce qui pourrait bien devoir être nommé l'écrit alphabétique à éploiement sémantique.
Michel SIRVENT: Paramètres en jeu dans un écrit polymodal (Circus de Maurice Roche)
Cette étude aura pour objet l'exploration de plusieurs paramètres graphiques dans un écrit polymodal. L'écrit choisi comme objet d'examen (Circus de Maurice Roche) est à première vue un écrit alphabétique.
Circus mêle toutefois, de façon hyperbolique, une pluralité de modes : schémique, grammique, iconique, symbolique. Non sans démesure, l'ouvrage procure ainsi une multitude de graphes complexes propices à l'analyse textique. En effet, seule une théorie ayant quelque peu éclaici les différentes catégories modales est apte à prendre la mesure d'un écrit dans lequel les modes structuraux foisonnent en leurs possibles variétés. Reste à envisager si certains graphes ne s'avèrent pas hors catégorie.
Combinant schèmes, grammes, icônes et symboles, il s'agit donc d'un écrit mixte, globalement polymodal. Mais il présente aussi localement certains schèmes qui participent de plusieurs modes à la fois. Selon le circonscrit envisagé, certaines "figures" improbables virent d'un mode dans un autre. Les modes se contestent parfois, exacerbent sur place le conflit des représentations.
Circus présente une autre caractéristique : des "pavés d'écrit" visiblement disjoints, distants et distincts les uns des autres. L'examen d'une double page identifiera les divers aspects qui les rend tant hétérographes qu'hétéromorphes entre eux. L'analyse montrera qu'il s'agit d'un écrit résolument tabulo-linéaire. Sera ainsi mise à l'épreuve l'hypothèse selon laquelle cet écrit offre des unités spatiales qui forment autant d'isolats. On les appellera des infra-paginats.
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Rage (une dyade paramétrielle)
Qu’un écrit puisse, directement, faire éclore certaines idées à partir de traces certaines, voilà, semble-t-il, qui ne heurte point trop l’intellect. La pensée, même, devient plus évidente encore si, et pour l’ébruiter en style ordinaire, on songe aux écrits alphabétiques.
En effet, ce qui est à l’œuvre, avec les écrits principalement composés de lettres, c’est, toujours, et sachant que la première dépend nécessairement de la seconde, le jeu de deux fondamentales paramétries :
- la paramétrie idéelle (c’est-à-dire la famille des paramètres qui, dans un écrit, sont dépourvus d’une existence physique autre que celle qu’implique l’activité cérébrale qui les conçoit),
- la paramétrie matérielle (c’est-à-dire la famille des paramètres qui, dans un écrit, sont titulaires d’une existence physique).
Or il se trouve qu’à partir de ce couple, ou dyade paramétrielle, il est loisible de faire l’hypothèse qu’un écrit, notamment analytique, ne saurait ressortir qu’à deux inégaux procès.
L’un, régnant, que l’on peut semble-t-il qualifier d’idéo(idéo)logique, ou, plus succinctement, idéologique, est celui considérant la matière (disons les noires traces formant, sur le papier blanc, mots et phrases), qui se trouve lors essentiellement régie par un virtuel quelque chose à dire, comme le moyen par lequel adviennent les idées.
L’autre, naissant, que l’on peut semble-t-il qualifier d’idéo(matério)logique, ou, plus succinctement, matériologique, est celui considérant la matière (redisons les noires traces formant, sur le papier blanc, mots et phrases), qui se trouve lors essentiellement régir un actuel quelque chose à bâtir, comme la condition à partir de laquelle adviennent les idées.
Dès lors, ce que cette contribution, sous un angle paramétrique, va s’efforcer d’établir, c’est une mise en évidence (en prenant appui sur deux écrits distincts, Mallarmé en Oulipie de Marcel Bénabou (membre éminent du célèbre OUvroir de LIttérature POtentielle), et Tel qu’en lui-même enfin Mallarmé s’améliore de Jean Ricardou (membre fondateur de la discrète discipline nommée textique), situés en la partie "Récritures" de l’ouvrage intitulé Mallarmé, et après ? (Colloque de Tournon et Valence, Noésis éditions, Paris 2006)) non seulement des deux supposées procédurales tendances, mais encore du fait que l’une, en proie à une façon de rage idéelle, pourrait bien trouver quelque intérêt à requérir, dans un éventuel souci de structural perfectionnement, les soigneuses manières offertes par l’autre, cultivant certain idéel… égard.
Gilles TRONCHET: Problèmes de la paramétrie phonique: le régime de l'orthographe
Dans une première approche, on peut considérer l'orthographe comme un ensemble de procédures, basées sur un commun usage et codifiant pour une époque donnée la façon d'associer des caractères alphabétiques aux sonorités d'une langue, en tenant compte des unités lexicales et de leurs relations syntaxiques. Regroupant ainsi bon nombre d'exigences apparues au fil du temps sans liens nécessaires entre elles, l'orthographe agit comme une nomographie, c'est-à-dire qu'elle fixe pour l'écriture des lois dont la mise en œuvre n'obéit pas à un agencement raisonné. Il importe à la textique, théorie unifiée de l'écrit, d'observer ces normes et d'explorer le régime qu'elles imposent à la distribution des lettres par rapport aux sons.
La textique appelle grammes les éléments de l'écrit dont les séries permettent la correspondance avec les phénomènes sonores constitués par des énoncés oraux dans une langue quelconque. Elle nomme paramétrie phonique les divers aspects sonores (comme le rythme, l'intonation, l'articulation) qui se trouvent constitutivement associés à un écrit formé de grammes, ou écrit grammique. Centrée ici sur l'orthographe, dans le cas du français, la réflexion portera plus précisément sur les modalités de la répartition des phonèmes par rapport aux grammes ou séries de grammes. Elle tentera de dégager le mécanisme de leurs corrélations et de préciser, pour la langue retenue comme exemple, les différents types d'échanges possibles dans l'écrit grammique entre composants visuels et sonores.
On découvrira ce faisant que l'examen des équivalences entre grammes et phonèmes fait apparaître diverses irrégularités, qui compliquent l'identification et entravent notamment l'accès à la dimension sonore pour un lecteur non averti. Par exemple, si, entre deux voyelles, -s- dans camisole s'oppose à -ss- dans boussole, renvoyant dans le premier cas au son [z], dans le deuxième au son [s], l'occurrence parasol vient brouiller les cartes, puisque -s- s'échange avec le son [s]. Dans ce cas, comme dans nombre d'autres, l'idée de justesse impliquée par le préfixe ortho- du mot orthographe mérite bien d'être mise en cause. La textique, grâce à l'analyse de tels dysfonctionnements et l'examen réfléchi d'issues praticables, pourrait permettre d'esquisser en ce domaine quelques améliorations.
EXPOSITION :
Myriam LABADIE: Nouvelles imbrications iconiques
Inspirés des "remplissages périodiques du plan" d’Escher et transposant à l’acrylique la technique du glacis, les huit planches exposées obéissent à la contrainte iconique "d’imbrication".
Cette contrainte nécessite que chaque figure soit représentée intégralement, sans cacher aucune autre, et de telle sorte que l’espace investi soit totalement couvert.
Or, contestant plus que miette l’habituel rapport fond/forme, telle règle peut amener certains raffinements additionnels, suivant la représentation d’un volume d’ensemble ou suivant la "superposition" d’une figure d’emblème.
En outre, dans un espace iconique à itinéraires multiples où s’articulent distance métrique et distance structurale (c'est-à-dire où peuvent survenir diverses occurrences de ce que la textique nomme un dialampo(télé/para)chorisme), la venue de personnages apporte une nouvelle dimension narrative, déférant, elle-même, à une structure d’un autre ordre: ce qu’il convient d’appeler une texture globale.
Science sans patience n’est que ruine de l’Art.
- Science sans patience n’est que ruine de l’Art ; 2006, 50x50 cm, acrylique sur toile.
- Concentration II ; 2006, 38x38 cm, acrylique sur toile.
- Vortex ; 2006, 38x38 cm, acrylique sur toile.
- Héroïque fantaisie ; 2006, 35x35 cm, acrylique sur isorel.
- Où est-ce terne? ; 2006, 50x50 cm, acrylique sur isorel.
- Le drapeau… pirate ; 2006-07, 50x50 cm, acrylique sur isorel.
- Tableaux parisiens ; 2007, 20x50 cm, acrylique sur isorel.
- À l’aise au Pays des Merveilles ; 2007, 25 x 50 cm, acrylique sur toile
ATELIER D'ÉCRITURE :
Les règles du BESTIAIRE
Le travail quotidien en Atelier d'écriture se fera en deux phases sur la base d'un programme, lié à de précises considérations théoriques, mais qu'il est possible d'honorer d'une façon toute naïve, en suivant simplement, au mieux, les neuf prescriptions que voici :
Première règle: Chaque écrit, destiné à un perfectionnement collectif, et pouvant ultérieurement faire partie d'un corpus intitulé BESTIAIRE, sera établi de façon individuelle sous les relatives apparences d'un article encyclopédique ayant pour thème un animal fantastique.
Deuxième règle: Il débutera par le nom de l'animal, précédé d'un article défini, et se terminera par une mise en rapport de cet être avec un autre dont le nom, formant le dernier mot de l'ultime ligne, et l'article qui le précède seront mentionnés avec des points de suspension (en principe, dans le corpus, cette zone recevra le titre de l'écrit suivant).
Troisième règle: Il adoptera, en guise de titre, le nom de l'animal, exclusivement composé avec le plus grand nombre possible des lettres du mot BESTIAIRE.
Quatrième règle: Il choisira, pour ce nom, une combinaison de ces lettres capable de fournir approximativement un certain sens.
Cinquième règle: Il déterminera, à partir du sens ainsi produit, certains caractères majeurs de l'animal.
Sixième règle: Il se composera d'une série de neuf lignes, toutes faites de neuf mots.
Septième règle: Il manifestera au moins une fois, en les comportant à des places respectives notables, les lettres du mot de base, BESTIAIRE.
Huitième règle: Il présentera, si possible, au moins une mention capable d'assurer une désignation de certains des aspects matériels du mot de base, BESTIAIRE.
Neuvième règle: Il offrira, si possible, au moins une mention capable d'évoquer certain de ses propres aspects matériels hors ceux qu'il partage avec le mot de base, BESTIAIRE.
La première phase sera consacrée, sur plusieurs séances, à la lecture et à la récriture collectives, selon une méthode stricte, d'un des écrits qu'auront composé, dans cette optique, au préalable, certains participants.
La deuxième phase, au fil des séances suivantes, et en vue de pratiquer et de théoriser, s'agissant de l'interscrit, une variante paradoxale (dite l'inter(arthro)scrit), sera vouée à un ré-examen et à un accroissement de l'articulation pouvant réunir deux écrits composés dans les années quatre-vingt: L'eresit et L'esare.
l'érésit est uneBête altière aux ailes ligneuses; bistre, sa couleur l'Exige au loin du tibre; comme elle développe uneScripturale stratégie, ses rites hérétiques sont hypocritement réticulaires: elleTorture les êtres par son Bord Et Ses TextilesIntersections. Avec Insistance, Rigueur, Elle étire, de ses plumesAcérées, en partant de la gauche, neuf parallèles, qu'Inévitablement recoupent, à angle droit, de belles stries formantRésille; souvent s'y abrite, en bas, triste, captureExtrême, autre bizarrerie, l... ...