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L'INTERNET LITTÉRAIRE
FRANCOPHONE
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DU SAMEDI 13 AOÛT (19 H) AU SAMEDI 20 AOÛT
(14 H) 2005
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DIRECTION : Michel BERNARD, Patrick
REBOLLAR
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ARGUMENT :
L’internet
littéraire francophone, l'ILF, est défini par quatre données
incertaines: l’internet (il
s'agit d'un réseau, mais d'un réseau de quoi?), la littérature (l'on n’est pas
littéraire à sa guise), la
francophonie (est-ce un simple usage langagier, un espace
géopolitique?) et le temps
(l'exercice de l'internet ne date que d'une dizaine d’années).
Complexe à cause de la polyvalence de ses acteurs, l’ILF paraît
contenir cinq catégories ouvertes d’activités et d’objets littéraires: la création (sites d’auteurs,
blogs), la recherche (travaux,
sociétés savantes, revues), l’enseignement
(nouvelles pédagogies, réseaux d’enseignants...), la communication (listes de
discussion, médias, éditeurs) et les
ressources (bibliothèques en ligne, institutions patrimoniales).
Par les croisements et interactions de leurs travaux, ceux qui, depuis
plus de dix ans, ont eu un rôle important dans l’ILF et ceux qui
l’étudient aujourd’hui d’un œil nouveau feront ensemble un état des
lieux. Ils interrogeront, notamment, les œuvres, les médias, les
technologies, les populations, tout en gardant un lien étroit avec les
quatre dimensions du domaine.
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CALENDRIER DÉFINITIF :
Samedi 13 août
Après-midi:
ACCUEIL DES
PARTICIPANTS
Soirée:
Présentation du Centre, des colloques et des participants
Dimanche 14
août
Matin:
Michel BERNARD: Internet, un
nouvel atout pour la recherche en littérature
Henri BÉHAR: Conservation et
actualisation du patrimoine littéraire: le DVD de la revue Europe
Après-midi:
Claude BOURQUI: Edition en ligne
et réviviscence des textes
Isabelle AVELINE: Pratiques
textuelles, espace communicationnel et approches communautaires
sur le site www.zazieweb.fr
Lundi 15 août
Matin:
Patrick REBOLLAR: ILF - Danger Zone. De quelques apories
littéréticulaires
Anne BRUNEL: De l'éphémère
radiophonie à l'archive multimedia: le site internet de France Culture
Après-midi:
Yun-Sun LIMET: remue.net, littérature d'abord
Nathalie JUNGERMAN: Présentation
du site FloriLettres de la
Fondation d'Entreprise La Poste
Mardi 16 août
Matin:
Michel LEMAIRE: L'utilisation
des textes littéraires offerts par les bibliothèques virtuelles
Xavier MALBREIL: Méthodologie
d'approche critique des œuvres de littérature informatique
Après-midi:
Hajime SAWADA: De Bis, Bis ! au Diable à Paris - dans
l'espace fermé et/ou ouvert de l'internet
Marie LISSART: La littérature
électronique: une ressource d'un nouveau type pour les bibliothèques?
Philippe DE JONCKHEERE: Le livre
de sable électronique
Mercredi 17
août
Matin:
Alckmar Luiz DOS SANTOS: La
technologie: un récit
Etienne BRUNET: Le français sur
Internet
Après-midi:
DÉTENTE
Jeudi 18 août
Matin:
Thomas C. SPEAR: Numériser et
démocratiser les archives littéraires
Jean-Claude JØRGENSEN & Michèle
LEROUX-BARON: L’Esprit de la liste
Après-midi:
Norbert DODILLE & Julien RUAULT:
Un site, une littérature? Construire l'histoire des littératures
francophones à l'aide d'internet
Isabelle ESCOLIN-CONTENSOU: Les
avant-gardes littéraires sur Internet
Vendredi 19
août
Matin:
Kazuo KIRIU:
Concordance, en acte ou en puissance
Yvan LECLERC & Danielle GIRARD:
Le manuscrit intégral de Madame
Bovary sur internet
Après-midi:
Serge BOUCHARDON: Les récits
interactifs sur le web
Alexandre GEFEN: L'édition
électronique: continuités et discontinuités dans l'histoire du livre
Samedi 20 août
Matin:
Bilan du colloque
Après-midi:
DÉPARTS
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RÉSUMÉS :
Isabelle
AVELINE: Pratiques textuelles, espace communicationnel et approches
communautaires sur le site www.zazieweb.fr
Espace personnel de publication, web collaboratif, base encyclopédique
de connaissance, guichet du savoir, weblogs..., de nouvelles formes
sont aujourd’hui à l’œuvre sur le web et ré-inventent l’internet de
demain: blog, logiciels sociaux, web sémantique... Au-delà d’un simple
site personnel, ces nouvelles formes représentent l’internaute sur le
web et fonctionnent également comme un "logiciel social" à part entière
qui définit et circonscrit la communauté électronique dont il se
revendique, à laquelle il appartient. Elles sont l'expression et la
personnification de son réseau. Elles sont le média où se retrouve "sa"
communauté électronique - celle dans laquelle il se reconnaît et qui se
reconnaît dans ce qu’il "montre" de lui. Elles s'insèrent dans un
réseau de liens où se tisse sa démarche individuelle... Quelles
pratiques et usages dès lors pour l’auteur ou le e-lecteur de demain?
Henri BÉHAR:
Conservation et actualisation du patrimoine littéraire: le DVD de la
revue Europe
Ayant contribué, de très près, à la réalisation de ce produit, qui est
à la fois l'archive de la revue mais aussi, bien davantage, un moyen de
la lire sous différentes façons et d'en exploiter le contenu,
j'essaierai d'analyser son vocabulaire, par genre et selon les époques.
Une question essentielle: le texte est-il en conformité totale avec les
intentions déclarées des animateurs de la revue? En somme, je montrerai
que la numérisation et les traitements lexicométriques apportent des
réponses fiables, peut-être inattendues, à des questions qu'on se pose
depuis des lustres.
Michel
BERNARD: Internet, un nouvel atout pour la recherche en littérature
Internet, entendu ici comme outil documentaire et espace de publication
savante, offre aux chercheurs en littérature de nouveaux outils de
travail. S’appuyant sur des pratiques traditionnelles, la communauté de
la recherche littéraire a mis au point des techniques originales,
s’appropriant peu à peu un média pour lequel elle n’avait ressenti de
prime abord aucune affinité. Il n’est plus guère aujourd’hui de
chercheur qui ne recoure au courrier électronique, au traitement de
texte, voire à la publication en ligne. Il est intéressant cependant
d’observer d’un peu plus près ces pratiques, d’en interroger les
présupposés, d’en inventorier les conséquences. Il est en effet
probable qu’après avoir assisté le chercheur travaillant sur des bases
théoriques datant de l’ère du papier, l’Internet va lui permettre
d’explorer de nouveaux territoires et de s’ouvrir à une démarche de
recherche et de diffusion fondée sur des paradigmes radicalement
différents.
Serge
BOUCHARDON: Les récits interactifs sur le web
L'expression "récit intéractif" semble relever d'une contradiction:
comment concilier narrativité et interactivité? Parmi les récits
interactifs, le récit littéraire, qu'il soit hypertextuel, cinétique,
génératif ou collectif, en particulier sur cet espace ouvert et
complexe qu'est le web, correspond par là même à un vaste champ
d'expérimentation plus qu'à un genre autonome. Les auteurs s'efforcent
ainsi d'exploiter le support numérique et le dispositif technique dans
son ensemble à des fins narratives, en faisant appel à des procédés
mêlant jeu sur les frontières, fictionalisation et réflexivité. Mais
plus que dans la qualité des réalisations, l'intérêt principal de ce
type de récits réside dans sa valeur d'objet heuristique: le récit
littéraire interactif permet d'interroger le récit dans son rapport au
support, mais aussi d'interroger la littérature elle-même.
Claude
BOURQUI: Edition en ligne et réviviscence des textes
Les textes du passé, ceux que nous continuons à lire, nous sont
parvenus, dans l’immense majorité des cas, sous la forme du codex
imprimé. Une migration de ces textes sur un support électronique en
ligne est désormais possible. De nombreuses entreprises tentent de la
concrétiser. Le bénéfice que ces textes pourraient en retirer ne se
limite pas à une accessibilité facilitée à certains égards. Un bon
nombre d’entre eux pourrait y gagner une nouvelle lisibilité. Il s’agit
des textes, fréquents dans l’histoire de la littérature, pour lesquels
le support imprimé n’a représenté qu’une solution de compromis,
destinée à en assurer la diffusion et la conservation. Une forme de
pis-aller, imposant ses contraintes propres et ne rendant guère justice
à leur spécificité. La transposition sur le nouveau support, par la
souplesse des possibilités qu’elle offre, devrait permettre de proposer
pour ces textes un mode de consommation adapté à la singularité de
chacun d’entre eux. Ce nouveau mode d’accès, outrepassant le principe
de réexhumation qui régit l’édition critique traditionnelle, pourrait
constituer une forme d’authentique réviviscence. La réflexion proposée
s’appuiera sur quelques exemples de textes français des XVIe et XVIIe
siècles.
Anne BRUNEL:
De l'éphémère radiophonie à l'archive multimedia: le site internet de
France Culture
L'objet de cette communication sera de montrer pourquoi et comment la
Radio Culturelle Française France Culture, à la fois patrimoniale et de
découverte, contribue à travers son site internet à l'ILF ou Internet
Littéraire Francophone, tant en lui fournissant des contenus originaux
qu'en y développant une stratégie de portail et d'échanges.
Etienne
BRUNET: Le français sur Internet
Je propose de développer une enquête historique sur la part du français
sur Internet. Ayant amassé à cet égard des résultats statistiques
depuis dix ans, je peux tenter de faire une synthèse qui croise
différentes variables: la chronologie, la langue, la source
géographique, la discipline. J'essaierai de montrer que, malgré sa part
modeste dans les échanges sur Internet (à peine 5%), le français jouit
d'un certain privilège culturel. Frantext servira à illustrer cette
exception culturelle, non pas seulement pour la richesse et la
précision documentaires de cette base qui sont exemplaires, mais aussi
pour les ressources statistiques qu'on peut en tirer, si l'on dispose
d'outils appropriés pour les exploiter.
On proposera un tel outil, le logiciel THIEF (Tools for Helping
Interrogation and Exploitation of FRANTEXT).
Philippe DE
JONCKHEERE: Le livre de sable électronique
Le site www.desordre.net
depuis qu’il existe s’attache à perdre ses visiteurs (ce qui
paradoxalement lui vaut un succès croissant). Usant du lien hypertexte,
mais aussi de quelques commandes de programmations simples
(javascript), une visite du désordre finit souvent par remplir l’écran
de son visiteur, créant des dédales, des fausses pistes et généralement
du désordre dans les plis duquel il est attendu que le visiteur
s’engouffre, sans grande chance de s’y orienter fiablement, le chemin
du retour se refermant bien souvent derrière lui comme une route de
nuit retourne à l’obscurité après avoir été défrichée par les phares
d’une automobile, ou encore tel l’infortuné lecteur du Livre de sable dans la nouvelle de
Borges.
Les textes du désordre reprennent différentes formes de narration
connues en les augmentant de spécificités inhérentes à l’outil
Internet, ainsi Chinois (ma
vie), un roman hypertexte, est construit sur le mode déambulatoire de Marelle de Cortázar, se complique
d’une navigation tantôt aléatoire tantôt labyrinthique et infinie dans
bon nombre de combinaisons, de même qu’il donne à ses visiteurs la
possibilité de reproduire les figures du livre à l’aide d’un jeu de
Tangram. De même la Cible,
roman feuilletonné, fut envoyé, un épisode chaque jour, par mail à ses
lecteurs et repris ensuite sous la forme d’un blog. L’évocation d‘un
souvenir d’enfance, le jeu de memory,
ou jeu des paires, donne lieu à une tentative graphique doublée d’un
défi de programmation. Les pages à propos du photographe Robert Frank
sont issues d’un mémoire de fin d’études qui s’agrémente, dans sa
version électronique, d’illustrations en images du texte. Hommage est
aussi rendu en divers endroits à Georges Perec, et en particulier sous
la forme d’une collecte participative de "je me souviens" ou d’une
ballade hypertexte à propos de Tentative
d’épuisement d’un lieu parisien. Le site affiche depuis peu une
volonté éditoriale modeste en publiant des textes et des images qui lui
sont confiés, ainsi la version électronique de Libre comme le Plomb de Jacky
Chriqui, Machine, ta Chine,
un juke-box botanique aléatoire d’Emmanuelle Anquetil, la lecture de Berlin île sans mur de François Bon
croisée avec un parcours photographique dans le Berlin de 1988. Le
désordre cherche aussi à explorer les possibilités de l’outil Internet
en matière de construction de labyrinthe et de méandres et son auteur
n’aime rien tant que de donner à voir comment les pages du site sont
construites, ce qui devient alors une nouvelle dimension de lecture du
site, de même que de montrer les coulisses, les archives et parfois
aussi de laisser entrevoir les développements futurs du site, comme
autant de possibilités dont il est régulièrement fait usage pour
agrandir sans cesse les proportions du labyrinthe.
Norbert
DODILLE & Julien RUAULT: Un site, une littérature? Construire
l'histoire des littératures francophones à l'aide d'internet
J’ai créé voici trois ans, dans le cadre d’un centre de recherches de
mon université, un site internet dédié à la littérature réunionnaise.
Ce site contient à la fois des "fiches" auteurs (plus de 180 noms), des
textes littéraires (sortis du domaine public ou avec autorisation des
auteurs et/ou éditeurs), des thèses et mémoires, des articles, dont
certains inédits, une bibliographie. Ce site est recensé par Fabula et
la BNF, et reçoit une moyenne de 350 visites journalières, 120 000
visites par an. Il fonctionne avec "Frontpage". L’idée est de faire
connaître cette "petite" littérature et ses auteurs à travers un site
spécialisé et en constante évolution. Des chercheurs intéressés par ce
type de littérature, mais ne disposant pas des documents en raison de
leur éloignement, peuvent ainsi disposer d’une documentation non
négligeable sur cette littérature. Actuellement, je suis en train de
faire évoluer ce site vers un logiciel spécialisé pour les centres de
recherches ("Lumières électroniques"), véritable banque de données
interactives qui présente l’avantage de pouvoir être renseignée à
partir de n’importe quel ordinateur grâce à un login et un mot de
passe. Les chercheurs éloignés pourront ainsi participer directement à
l’évolution du site. L’adresse du site (en construction, et tout à fait
incomplet pour l’instant, puisque seule une petite partie des données
ont été transférées) sera:
http://litterature-reunionnaise.univ-reunion.fr.
Alckmar Luiz
DOS SANTOS: La technologie: un récit
Lire la technologie, voilà un exercice que l'on fait depuis longtemps;
il en va de même pour la lecture de la technologie associée à l'art.
Toutefois, pour ce qui est des relations entre technologie et art, on a
toujours eu recours à des perspectives tout au moins étrangères à l'art
lui-même. Et la littérature, certes, n'y a pas échappé. Ce que l'on
propose ici, donc, c'est l'inversion de cette situation. Pour ce faire,
il faudra montrer, tout d'abord, que cette primauté de perspectives
étrangères au champ littéraire ne reviendrait pas à une certaine
naïveté, qu'elle n'est même pas exempte de conséquences. Or, un tel
renversement nous permettra de découvrir un récit, le récit de la
science et de la technologie, à partir des perspectives littéraires qui
sont les nôtres, sans tenir compte de la perspective évolutionniste
souvent associée à la technologie. Aussi, raconter l'histoire de la
technologie pourra nous donner une nouvelle manière de comprendre les
récits que l'on construit et raconte, à présent, sur le Web, à l'aide
des outils et des procédés informatiques.
Isabelle
ESCOLIN-CONTENSOU: Les avant-gardes littéraires sur Internet
Quelles sont les transformations qui affectent le texte littéraire et
son interprétation lorsqu’il se présente non seulement comme textualité
électronique, mais également comme œuvre du réseau? Peut-on parler de
mutation de la littérature? Quels sont les enjeux littéraires d’un
mouvement d’innovation porté par les possibilités de la technologie,
dans la conscience d’une situation inédite? Des éditeurs, des auteurs,
des chercheurs et des artistes entretiennent en ligne, sur des sites
individuels ou collectifs, une intense activité de définition théorique
et programmatique. Dans le rapide renouvellement des avancées, accentué
par une éthique de la diffusion, les avant-gardes interrogent la valeur
des nouveaux écrits, animent la coexistence ou la mise en concurrence
des auteurs et des réalisations. Nous en étudions les "manifestes" et
les œuvres pour définir et caractériser, à leur suite, la spécificité
de la littérature sur Internet. Au cœur des débats, les notions
d’hypertexte, d’interactivité, de fragment, de lecteur et d’auteur,
empruntent au domaine littéraire, comme si l’Internet ne faisait
qu’actualiser ce que la littérature avait déjà mis en question. Mais en
même temps travaillées par de nombreux autres champs disciplinaires,
ces notions sont radicalement différenciées. L’avenir de la littérature
est-il dans ces nouveaux territoires?
Alexandre
GEFEN: L'édition électronique: continuités et discontinuités dans
l'histoire du livre
La naissance de l'édition électronique a été parallèle avec l'émergence
de l'histoire du livre comme champ disciplinaire dans les dernières
décennies du XXe siècle. Ce dernier domaine apporte un éclairage
parfois surprenant sur les pratiques ou les expérimentations
éditoriales en ligne, en soulignant autant que des ruptures (caractère
immatériel, hypertextualité explicite, etc.) des effets de continuité
inattendus avec des pratiques ou des textes anciens (qui partagent par
exemple la logique cumulative, le fonctionnement en réseau, ou encore
l'ouverture au lecteur propres aux novations proposées par Internet),
remettant en cause non la notion de livre mais notre habitude de la
considérer par référence à un modèle unique forgé au XIXe siècle.
Jean-Claude
JØRGENSEN & Michèle LEROUX-BARON: L’Esprit de la liste
Le succès d’Agreglettres, née il y a 5 ans et hébergée par le CRU
suscite des interrogations, des inquiétudes, des jalousies.
1/ Qui se cache derrière elle? pour
quels objectifs? selon quelles règles?
Cinquante à soixante dix professeurs de Lettres y préparent
l’agrégation et partagent spontanément leur travail et leurs
difficultés pendant une année selon des règles inventées en commun, et
dont la première est aussi la plus ancienne et la plus incontournable:
chacun dépose mensuellement une "contribution" s’il veut rester abonné.
Chaque année, 500 travaux effacés et remplacés par 500 autres, et 8000
messages.
2/ Alors que l'agrégation est un
concours, des candidats préfèrent mutualiser leur travail plutôt que de
rivaliser.
L’importance de l’investissement de chacun et le nombre important
d’admis au concours sont à mettre en relation avec la générosité
désintéressée, le tutorat et des synergies que les colistiers appellent
entre eux « L’Esprit de la liste »: on peut parler et discuter entre
égaux, librement, sans souci des hiérarchies et agreglettres est un
véritable espace de réflexion littéraire.
3/ Quelles évolutions se dessinent?
Où allons-nous?
Il nous reste à faire des retours plus fouillés encore sur les
contributions. Nous continuerons à refuser d’archiver pour archiver, à
nous garder de tout consumérisme, à rester vigilant vis-à-vis des
droits d’auteurs sur les plans juridique et éthique, et à préserver
notre indépendance en refusant un droit d’ingérence de l’Institution:
le compagnonnage complice des écrivains est notre seul guide.
Nathalie
JUNGERMAN: Présentation du site FloriLettres de la Fondation d'Entreprise La Poste
Au-delà de ses activités financières, La Poste, entreprise publique, a
pour vocation et mission le transport d'informations et de colis.
Système complexe et rôdé de tri et d'acheminement, de liaisons
matérielles et désormais immatérielles et numériques, la Poste s'est
construite comme un réseau exhaustif. Si le contenu ne la concerne pas,
la valeur de ce contenu lui confère néanmoins un statut à part: elle
est un service public, elle est une institution présente dans la vie de
chacun, elle est objet littéraire et légendaire. Consciente de ce rôle
décisif, elle a développé une part de communication qui lui est
spécifique. Cette communication prend acte de la valeur des contenus:
il s'agit de La Fondation d’Entreprise La Poste, créée en 1995, dans le
but de promouvoir l’écrit et de soutenir les projets culturels liés à
l’écriture patrimoniale et contemporaine: prix Wepler-Fondation La
Poste (fiction contemporaine), aide à l’édition de correspondances,
festivals (rencontres littéraires et musicales), concours écriture
épistolaire, exposition (peinture et correspondance)... Parmi ces
activités, la Fondation a décidé de réaliser en 2000 un site Internet
dédié à la littérature ayant pour thème l’écriture intime
(correspondances, journaux intimes, biographies et autobiographies).
Depuis 2002, le site Internet www.fondationlaposte.org propose aux
internautes de recevoir deux fois par mois dans leur courrier
électronique, une lettre d’information culturelle intitulée FloriLettres. Unique en son genre
dans l’Internet littéraire, FloriLettres
est articulée autour d’un auteur ou d'un événement culturel lié à
l’actualité littéraire et aux correspondances. Elle comprend un
entretien avec un écrivain, un artiste, un éditeur ou un spécialiste,
un portrait d’auteur, un article critique, des extraits de lettres, des
articles sur les nouvelles publications, un agenda (spectacles,
expositions, festivals) et des illustrations. Elle compte, à ce jour,
60 884 abonnés.
Yvan LECLERC
& Danielle GIRARD: Le manuscrit intégral de Madame Bovary sur internet
D'ici deux ans environ, il sera possible d'accéder sur internet à
toutes les pages numérisées du manuscrit de Madame Bovary et à une grande
partie de leurs transcriptions. C'est cette aventure humaine,
intellectuelle et technique en cours que trois intervenants
présenteront. Yvan Leclerc (directeur du Centre Flaubert, université de
Rouen) esquissera l'historique des recherches et des collaborations
institutionnelles qui ont permis à ce projet d'entrer dans sa phase
active. Au Centre Flaubert revient, entre autres, la responsabilité de
la transcription. L'immensité du corpus exigeait le recours à une
légion de bénévoles. Danielle Girard (auteur de sites pédagogiques sur
le Romantisme, Ruy Blas, Delacroix et Baudelaire, Hugo et la peine de
mort) parlera de la communauté virtuelle internationale qu'elle anime
et présentera une première application pédagogique déjà en ligne,
rendue possible par ces transcriptions. La numérisation des manuscrits
et la conception de la navigation finale reviennent à la Bibliothèque
municipale de Rouen, où se trouvent tous les documents de genèse du
roman: Pierre-Yves Cachard (conservateur chargé des nouvelles
technologies) exposera pour finir le sens et le rôle de ce projet dans
la démarche de valorisation du patrimoine de la Bibliothèque de Rouen,
et présentera l'état d'avancement et les choix opérés dans la
réalisation, en vue d'aboutir à une navigation multiple dans le massif
des quelques 4500 folios de Madame
Bovary.
Michel
LEMAIRE: L'utilisation des textes littéraires offerts par les
bibliothèques virtuelles
Une bonne partie de la littérature française, du moins jusqu'au XIXe
siècle, est maintenant offerte sur l'Internet. Des sites
institutionnels comme Athena
ou Gallica, des sites
indépendants comme ABU ou Poètes.com, proposent, en des
formats divers, les grandes œuvres littéraires, de la Chanson de Roland
aux poèmes de Rimbaud. Mais quel usage fait-on de ces textes? Les
lit-on? Si oui, comment? Les utilise-t-on d'autres manières? Lesquelles?
Cette communication se propose d'étudier les différents types
d'utilisation des textes littéraires offerts en fichiers informatiques.
Je me placerai essentiellement à un niveau pratique. Je ne reviendrai
pas sur le sujet de la lecture à l'écran, ni sur celui des nouvelles
formes des textes électroniques qui pourraient aller jusqu'à en faire
de nouveaux genres littéraires, ni sur celui de l'hypertexte. Je désire
discuter de questions simples d'utilisation: comment peut-on lire des
textes numériques? Que peut-on en faire d'autre? Et donc: à quoi
servent les textes littéraires numériques?
Yun-Sun LIMET:
remue.net,
littérature d'abord
Sans aucun doute, le site littéraire fondé par François Bon occupe une
place originale dans l’internet littéraire francophone. Du site
personnel de l’écrivain, qui voit dans le nouvel outil un moyen nouveau
de mettre à disposition des ressources: ouvrages dans leur version
numérisée (Rabelais, par exemple), de faire partager l’expérience de la
conduite d’ateliers d’écriture en divers lieux et avec divers publics,
d’ouvrir son propre atelier d’écrivain et d’entrer en résonance avec
des auteurs contemporains compagnons d’écriture (Michon, Bergounioux),
on passera via la constitution d’une association de type loi 1901, et
le désir de collectif des quelques pionniers réunis autour de François
Bon, au site dans la configuration qu’on lui connaît aujourd’hui:
l’animation par un collectif de rédaction de la "veille" littéraire:
les blogs (actualité, lectures, ateliers d’écriture, art et photo), la
revue trimestrielle, les chroniques, les dossiers, et toujours ouvert
l’atelier de l’écrivain, sans oublier un bulletin hebdomadaire diffusé
à 1300 exemplaires et on peut dire à autant de relais de l’incessante
conversation qui s’y est instaurée. Richesse des informations,
réactivité, subjectivité, mais aussi travail de fond, partage, tressage
relationnel intense, sont les marques auxquelles on reconnaît
(polysémie oblige) remue.net.
Le site a épousé les évolutions techniques - si rapides -, et
continuera à le faire: création d’un espace collaboratif, instillation
du multimédia (dans la juste dose), la généralisation du haut débit
modifiant la donne. Nul doute également que la personnalité de l’auteur
de Daewoo, ses choix, ses
"préférences", comme dit un de ses auteurs affectionnés, donnent à
remue.net, son allure, sa physionomie si particulières (voir le "cahier
de création"); ajoutée à cela, la militance des amis qui se retrouvent
en sa compagnie, et l’on saisit le miracle quotidien d’une mise en
ligne renouvelée, génératrice d’enthousiasmes. Au travers de
l’historique (quelques moments significatifs), de la mise en relation
d’éléments qui nous paraissent aussi pertinents que diversifiés, on
voudrait donner quelques aspects de "l’envers du décor" qui expliquent
la physionomie du site, l’esprit auquel voudraient tendre ses
contributeurs, et ce qu’il apporte d’inédit et d’irremplaçable dans son
canton propre à l’histoire littéraire en train de se faire.
Marie LISSART:
La littérature électronique: une ressource d'un nouveau type pour les
bibliothèques?
Comment la bibliothèque peut-elle prendre en compte une production d’un
nouveau genre comme la littérature électronique?
La légitimité de l'intérêt des bibliothèques pour la littérature
électronique se heurte à une grande méconnaissance de ce domaine. Les
bibliothèques manquent de repères professionnels pour l'appréhender;
des questions techniques se surajoutent à cette méconnaissance.
La prise en compte de la littérature électronique dans la bibliothèque
peut s'effectuer selon deux axes. D’une part, la présentation d’une
typologie des ressources littéraires électroniques - élaborée selon un
éloignement progressif du modèle imprimé - en souligne les spécificités
et l'intérêt. D'autre part, l'explication d'une méthode de recherche
peut en faciliter la prise en main. De là découle l'intégration de la
littérature électronique dans la bibliothèque et sa valorisation auprès
des publics.
Xavier
MALBREIL: Méthodologie d'approche critique des œuvres de littérature
informatique
L’Internet littéraire francophone a assisté à l’émergence de nouvelles
littératures, de plus en plus éloignées du modèle du livre. Elles sont
produites de façon tout à fait spécifiques sur ordinateur, et ne
peuvent être reçues que par le biais de cet appareillage. Les
"littératures informatiques", puisqu’elles sont multiples, ont déjà une
histoire, un public, certes restreint mais exigeant, elles méritent
également une approche critique méthodologique - afin tout à la fois
d’en faciliter l’accès au grand public, et de pouvoir en rendre compte
dans les meilleures conditions.
Mon travail de recherche, mené dans le cadre d’un appel à projet de la
BPI Pompidou, au sein d’une équipe conduite par Serge Bouchardon, et
sous la responsabilité doctorale de François-Charles Gaudard, directeur
des écoles doctorales du Mirail Université, m’a amené à me pencher sur
des cas précis d’analyse d’œuvres de littérature informatique. Comment
des lecteurs au fait de procédures et de modes de création
informatiques peuvent-ils appréhender ces objets esthétiques nouveaux,
et peut-on en dégager peu à peu une méthodologie d’approche critique
des œuvres de littérature informatique, ce sont les questions que j’ai
été amené à me poser, et dont je rendrai compte au cours de ce colloque
de l’ILF-2005.
Patrick
REBOLLAR: ILF - Danger Zone. De quelques apories littéréticulaires
Pourquoi y a-t-il si peu de discussion dans les listes de discussion?
Les structures mentales liées aux institutions et aux professions
déborderaient-elles sur l’intégrité intellectuelle des individus?
Comment résoudre l’entropie des œuvres et des références? Si tout le
monde cite n’importe comment, que seront devenues les œuvres
littéraires dans un siècle?
Nous comptons sur les moteurs de recherche pour trouver des citations
ou étudier la langue... Mais peut-on réellement compter dessus? Les
logiques de marché n’obligent-elles pas les moteurs à mentir? Brodées
d’exemples, ces quelques questions aideront à définir nos missions de
créateurs de sites et d’enseignants-chercheurs littéréticulaires.
Hajime SAWADA:
De Bis,
Bis ! au Diable à Paris - dans
l'espace fermé et/ou ouvert de l'internet
Je présenterai une partie des travaux et activités que l’Internet a
permis à un enseignant-chercheur d’un département de littérature
française d’université japonaise de réaliser au cours de ces dix
dernières années. Des ressources privées pour l’apprentissage du
français destinées aux débutants (écriture interactive, lecture sur
écran, programme d’auto-apprentissage "Bis,
bis !") aux sites publics pour ceux qui s’intéressent aux études
littéraires (site de mon département et site de la Société Japonaise
d’Études Balzaciennes, tous deux sous ma responsabilité), en passant
par la publication virtuelle de textes numérisés (Le Diable à Paris, Le Code parisien, des œuvres de Le
Clézio), l’Internet est devenu un outil indispensable pour
l’apprentissage, les recherches ou la diffusion du savoir. Il peut
aussi être un espace ouvert à tous ceux qui cherchent quelque chose.
Mais il vaudrait peut-être mieux qu’il soit à certains moments un
espace fermé, ce qui enlève alors la part essentielle du sens qu’a
l’Internet. Nous tenterons de savoir quelles pratiques sont à souhaiter
avec ce réseau pour un enseignant-chercheur.
Thomas C.
SPEAR: Numériser et démocratiser les archives littéraires
Dans la perspective d’un webmestre ayant mis des ressources
francophones en ligne avant même la création du web graphique, une
introduction présente l’évolution inégale de l’internet dans le monde
francophone à cause des disparités économiques et techniques, et la
lente mais certaine avancée des zones isolées et des pays du "Sud". Un
contexte économique et pédagogique sert à expliquer la volonté de
développer les ressources disponibles en ligne, gratuitement et en
format simple. Des considérations sur les normes (souhaitées,
existantes et dominantes) permettent de parler de l’importance de la
fiabilité des informations en ligne, et des problèmes de plagiat et de
reproduction. Les techniques multimédia nous mènent également à de
nouveaux formats d’écriture, d’où la nécessité de prendre en compte les
genres narratifs d’une autre linéarité, existants et à venir (i.e.,
hypertextes, BDs interactifs, clips en shockwave). L’internet facilite
le réseautage entre
collègues, étudiants et chercheurs; la construction de sites web se
fait de façon internationale, diversifiant les sources du savoir
institutionnel et re-dessinant la mappemonde "francophone". Valorisant
la littérature des zones insulaires, "île en île" s’agrandit
continuellement, une encyclopédie vivante de lettres classiques et
contemporaines. Une ressource délibérément libre d’accès, "île en île"
s’interdit de hiérarchiser les pôles d’information. Un rare patrimoine
littéraire est disponible à tous. Pour Haïti, les projets comprennent
la numérisation d’anciens journaux et la création d’un cédérom. Les
visites au site, la presse qui en parle et la correspondance témoignent
de son utilité et de sa richesse.
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En partenariat avec
l'Université de Paris III - La Sorbonne Nouvelle,
La Fondation d'Entreprise La Poste,
le site Fabula,
et le projet Artamène
(Fonds Suisse de la Recherche Scientifique (FNS) de l'Université de
Neuschâtel)
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