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DU SAMEDI 19 SEPTEMBRE (19 H) AU SAMEDI 26 SEPTEMBRE
(14 H) 2009
CHANGER POUR DURER
DIRECTION : Nils FERRAND, Diana MANGALAGIU, Eric VINDIMIAN
ARGUMENT :
Le concept
de durabilité a envahi les espaces académiques
et médiatiques sans qu'il existe de réel
consensus sur les conditions et les critères à
prendre en compte, sur l’orientation que nos sociétés
souhaitent suivre ou sur les moyens à mobiliser. Comment
intégrer les enjeux environnementaux et de justice sociale
dans une analyse critique de nos modèles économiques
et politiques? Comment concilier action privée et entrepreneuriale
avec les régulations étatiques dans les transitions
et les innovations requises?
Le thème de ce colloque est
moins la durabilité en soi que les conditions et les
trajectoires du changement. Toutefois, déterminer
les changements requis ne suffit pas, encore faut-il définir,
faire accepter, mettre en œuvre et évaluer des chemins
vertueux... "Changer pour durer" amorce ainsi un programme
pour une réflexion scientifique, sociale et politique
ouverte, destinée à inscrire ses effets dans l’action
et la gouvernance.
L’on débattra, dans ce colloque
(qui associera scientifiques, acteurs politiques, gestionnaires
publics et privés, représentants associatifs
et artistes), autour de trois questions, devant conduire à
des préconisations concrètes: pourquoi changer? que faut-il
changer? quels sont les chemins du changement?
CALENDRIER DÉFINITIF :
Samedi 19 septembre
Après-midi:
ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Soirée:
Présentation du Centre, du colloque et des participants
Dimanche 20 septembre
Durée et changement
Matin:
Julian HUNT: De nouvelles approches
face aux défis environnementaux
Sophie MARTIN: Changer
pour durer: problèmes de viabilité et de résilience
Dominique HERVÉ:
Changer de paradigme pour conserver durablement les forêts à
Madagascar. Contributions de la modélisation
Après-midi:
Bert de VRIES: Le rôle
des visions du monde et des scénarios dans la marche
vers un monde plus durable
Alan ATKISSON: Gagner la course contre le temps
Sander VAN DER
LEEUW: Crises environnementales dans une perspective
de longue durée
Soirée:
"Débattre pour changer": trois ateliers de débats
innovants et rédaction conjointe d'une charte pragmatique
(1ère partie) — Nils FERRAND, Philippe MAIRESSE et
Diana MANGALAGIU
Lundi 21 septembre
Pratiques du changement
Matin:
Patrick VIVERET: Du bon
usage de la crise systémique vers la "sobriété
heureuse"
Mathieu TAUGOURDEAU: L'économie sociale et solidaire:
les nouvelles voies du développement durable
Emmanuel SOULIAS: Assurance
et développement durable: quels enjeux, quels engagements,
quels actes?
Après-midi:
Sander VAN DER LEEUW:
Crises environnementales dans une perspective de longue durée
(suite)
Henri TARDIEU: S'adapter au changement
global: nouveaux arbitrages Nord-Sud pour l'eau, l'alimentation
et le développement
Miguel BENASAYAG:
Continuité, discontinuité et transduction
Soirée:
Débat sur le changement dans la
démocratie locale et les formes nouvelles du politique,
avec Philippe AUGIER (Maire de Deauville) et Bruno
REBELLE (Europe Ecologie), modéré par Eric VINDIMIAN
(Directeur Régional, Cemagref Montpellier)
Mardi 22 septembre
Matin:
Penser le changement et son induction
Emmanuel IOANNIDIS:
Devenir / Evolution, Métamorphose / Conversion: sur
les formes du changement
Jean-Paul BAQUIAST:
Evolution darwinienne et artificialisation
Gérard WEISBUCH:
Modélisation environnement-société
Après-midi:
Pratiques du changement
Annabel-Mauve BONNEFOUS:
Changement durable en entreprise
Rosa CASADO: L'art comme vecteur de changement
Soirée:
"Débattre pour changer": trois ateliers de débats
innovants et rédaction conjointe d'une charte pragmatique
(2ème partie) — Nils FERRAND, Philippe MAIRESSE et
Diana MANGALAGIU
Mercredi 23 septembre
Matin:
Changement global, changement local
Pierre-Henri GOUYON:
Changer pour durer: l'évolution, l'information, le progrès
Patrick D'AQUINO: La durabilité,
une reconnaissance de l'incertitude qui défie
nos façons de décider. Exemple des politiques publiques
de régulation de l'accès aux ressources
Andrei TARANU: La pression du monde virtuel sur la démocratie
représentative. Entre post-démocratie et e-démocratie
Après-midi:
DÉTENTE
Jeudi 24 septembre
Matin:
Changement global, changement local (suite)
Matthieu CALAME: Une gouvernance
mondiale de l'alimentation
Amadou DIAW: Changement en Afrique Occidentale:
l'initiative 100% Saint-Louis du Sénégal
Anne-Sophie BINNINGER & Isabelle ROBERT: Comment le
marketing peut contribuer à générer des comportements
réellement responsables?
Après-midi:
Projets étudiants "Planet-D", par Caline JACONO
et Céline COURARDY
Antoine SEILLES: Interactions dans le cadre de débats
publics
Soirée:
"Débattre pour changer": trois ateliers de débats
innovants et rédaction conjointe d'une charte pragmatique
(3ème partie) — Nils FERRAND, Philippe MAIRESSE et
Diana MANGALAGIU
Vendredi 25 septembre
Politiques et gouvernance du changement
Matin:
Caline JACONO: Leadership
et développement durable: quels acteurs pour changer?
Aliénor BERTRAND: Institutions politiques locales et
résistance au changement
Après-midi:
Patrick DESTREMAU: Un regard "éthique" sur la
guerre
Karim MEDJAD: Changement spontané, changement imposé:
quelles normes pour le changement?
Samedi 26 septembre
Matin:
Discussion générale et conclusions
Après-midi:
DÉPART DES PARTICIPANTS
RÉSUMÉS :
Jean-Paul
BAQUIAST: Evolution darwinienne et artificialisation
Nous laisserons à d’autres conférenciers
le soin de rappeler la logique de l’évolution telle
qu’observée au sens strict de la biologie: évolution
génétique, épigénétique
et environnementale. Rappelons seulement que dans ces trois
cas, s’applique sans exclusive ce que l’on a nommé l’algorithme
darwinien: mutation aléatoire/sélection/ampliation.
Les transferts horizontaux de gènes (HGT) qui sont
mis en évidence aujourd’hui n’y dérogent pas,
car ils ne survivent que s’ils donnent des produits compétitifs.
Le point qu’il convient de souligner ici est que cet algorithme
se retrouve dans tous les types d’évolutions marquant les
processus naturels non biologiques ou non directement biologiques,
notamment ceux intéressant les niches (ou éco-niches)
que construisent les espèces vivantes en interagissant avec
le milieu, c’est-à-dire en s’associant de façon symbiotiques
avec des éléments du milieu physique. Ces niches, qu’il
s’agisse des fourmilières ou des sociétés humaines,
se construisent sur le mode dit des "essais et erreurs" qui expriment
sous une autre forme l’algorithme darwinien. Dans l’évolution
des sociétés de primates, dont font partie les sociétés
humaines, il est facile de montrer que toutes les inventions permettant
à ces sociétés de s’adapter à des
changements du milieu ou d’entrer en compétition les unes
avec les autres sont apparues à partir d’un événement
aléatoire qui a produit des résultats favorables
en termes d’adaptation. Elles ne survivent que si elles sont
capables de résister à la compétition provenant
d’autres inventions. On admet généralement que l’évolution
adaptative des sociétés humaines est conditionnée
par l’évolution des technologies qu’elles ont mises en œuvre
depuis l’ère industrielle. On en déduit que, puisque
ces technologies sont apparemment les produits d’un volontarisme
économique ou politique qui différencierait les sociétés
humaines des sociétés animales, elles peuvent être
pilotées, soit pour en éliminer les retombées
destructrices, soit pour les mettre au service d’un avenir répondant
à des finalités morales. Dans ce cas, il ne s’agirait
plus d’une évolution darwinienne sur le mode hasard et nécessité,
mais d’une évolution finalisée ou téléologique.
Je pense qu’il n’en est rien. Dans
un ouvrage en cours d’édition, où Miguel
Benasayag et moi confrontons nos points de vue, j’essaye de
montrer qu’en s’associant de façon symbiotique avec des objets
du monde matériel, les premiers hominiens (sans doute
des australopithèques, suivis par les erectus) ne se sont
pas bornés à utiliser des outils. Ils ont jeté
les fondements d’un nouveau type d’organisme ou plutôt de
superorganisme que je nomme de façon un peu barbare mais
utile, superorganisme ou complexe bioanthropotechnique. Au sein de
ces complexes, les technologies représentent des composantes
qui évoluent selon leurs logiques propres (darwiniennes
évidemment) et qui entrent en conflit ou en symbiose avec les
évolutions génétiques et épigénétiques
biologiques. Aujourd’hui, l’évolution de nos sociétés,
ou plutôt celle des multiples groupes bioanthropotechniques
qui les constituent, est très largement déterminée
par l’évolution des technologies participant à l’architecture
et au fonctionnement de ces groupes. Les plus déterminantes
de ces technologies, celles dites de l’artificialisation, sont
en train de devenir autonomes, c’est-à-dire capables de se
développer sur un mode, toujours darwinien, mais qui risque
de distendre le lien les associant encore jusqu’à présent
à leurs composantes bioanthropologiques. Autrement dit l’évolution
globale de l’anthropocène, que j‘appelle pour ma part anthopotechnocène,
risque de devenir plus que jamais imprévisible.
Miguel
BENASAYAG: Continuité, discontinuité et
transduction
Comment penser le changement dans la
crise épistémologique et historique que
nous vivons? La modernité, avec les différentes
conceptions du progrès, plus ou moins téléologiques,
donnait des sens aux mouvements, aux actions des hommes et
des sociétés. On pouvait donc "évaluer",
interpréter ces actions en termes de changement et d'événements.
La temporalité postmoderne parait ne pas nous donner cette
possibilité. En effet, qu'est ce qu'un changement une fois
que nous ne sommes plus dans une conception du temps "progressive"?
Annabel-Mauve
BONNEFOUS: Changement durable en entreprise
Le développement durable est souvent associé à
un changement de paradigme; il faut repenser le système dans
sa globalité, trouver de nouvelles voies de développement.
Les ressources limitées de la Terre, la destruction de l’équilibre
biologique et les risques systémiques liés aux inégalités
sociales ont contribué à nous alarmer sur la non pérennité
de notre modèle de développement occidental. L’abandon, la
réorientation ou la régulation du modèle sont ainsi
devenus l’objet de débats au sein de la communauté internationale.
Depuis, de nombreuses institutions et organisations proposent des voies
de changement. Recycler, trier les déchets, acheter équitable,
manger bio sont autant d’actions préconisées pour durer.
Durer, oui, mais pour faire quoi? Pour aller où? Actuellement, le
paradigme de la croissance durable domine sur la scène internationale
et nous donne cette réponse: changer, oui, pour être sûr
de pouvoir faire comme avant. Tout va bien, nous disent les économistes,
il faut juste faire quelques réglages et tout rentrera dans l’ordre.
En prenant les lunettes d’Argyris et Schön sur l’apprentissage
organisationnel, on pourrait assimiler cette réponse à un
apprentissage en simple boucle: les individus modifient leurs stratégies
d’actions mais ne changent pas fondamentalement les valeurs maîtresses
qui orientent leurs actions. Dans cette communication, nous voulons discuter
des implications de ce choix d’orientation dans le développement
durable. S’il est vrai que les alternatives proposées à ce modèle
sont aujourd’hui peu crédibles, elles ont le mérite d’ouvrir
le champ des possibles et d’appeler au débat sur le type de développement
que nous voulons, et sur les moyens d’y parvenir.
Références Bibliographiques
:
Argyris, C., & Schön, D. A. 1978. Organizational
learning : a theory of action perspective. USA: Addison-Wesley
Publishing Company.
Gladwin, T. N., Kennelly, J. J., & Krause,
T.-S. 1995. "Shifting paradigms for sustainable development
: implication for management theory and research". Academy
of Management Review, 20 (n°4): p. 874-907.
Matthieu CALAME:
Une gouvernance mondiale de l'alimentation
En matière d'agriculure et d'alimentation,
la communauté des nations fait face à trois enjeux: la sécurité
alimentaire, la misère rurale et la dégradation préoccupante
de l'environnement et des ressources naturelles. Les échecs
actuels sanctionnent deux erreurs fondamentales: l'erreur de la dérégulation
des marchés et du mythe de l'auto-organistion des relations
sociales, et une erreur tout aussi tragique dans la perception du
vivant et des ressources naturelles. Si ces erreurs ne menacent pas
peut-être l'humanité en tant qu'espèce — les plus forts
et les plus cruels ou simplement les plus chanceux pourront certainement
s'en sortir - elles menacent certainement l'humanisme ! Une sortie de
crise humaniste demandera donc d'une part la constitution d'une gouvernance
mondiale de l'alimentation qui pourra s'inspirer tant des exemples les plus
anciens (la méditerranée antique, la chine impériale
avaient des politiques alimentaires) que des exemples récents (la
politique agricole commune), d'autre part une révolution dans la manière
de percevoir l'aventure de la vie, et un intérêt accru pour
les principes qui font qu'un écosystème est durable et prospère
ou ne l'est pas.
Patrick D'AQUINO: La durabilité,
une reconnaissance de l'incertitude qui défie nos
façons de décider. Exemple des politiques publiques
de régulation de l'accès aux ressources
La durabilité nous interpelle
sur notre capacité à nous adapter à une situation
d’incertitude créée par la complexité
de notre environnement. Le véritable enjeu n’est pas
de définir aujourd’hui une adaptation à
un futur contexte qui serait déjà prévu, autrement
dit de trouver la solution à un problème
bien défini, mais plutôt d’améliorer
nos capacités à trouver une nouvelle solution
à chaque évolution future du contexte encore
imprévisible. C’est cette capacité d’adaptation, de
souplesse, qui doit être visée: l’adaptabilité plutôt
que l’adaptation. Or, les différentes formes de régulation
de l’accès aux ressources de nos politiques publiques
ont été conçues pour répondre à
des besoins de stabilisation, qu’elle soit spatiale,
sociale ou économique, pour cadrer l’ensemble des pratiques
possibles à celles considérées comme
plus pertinentes pour atteindre une situation cible stationnaire.
La plupart des mécanismes de régulation existants
ont été conçus pour restreindre les pratiques,
dans un souci de stabilisation et de sécurisation, tandis
que le développement de l’adaptabilité demande au contraire
de les laisser évoluer dans un ensemble de possibles que
l’on définirait et réviserait régulièrement
en fonction de normes sociales, environnementales et économiques
construites collectivement. On se posera les questions suivantes:
- Quelles adaptations de la
façon de penser et construire les politiques de
régulation seront nécessaires pour viser l’adaptabilité
des pratiques plutôt que leur limitation?
- Comment définir et
respecter des normes de durabilité (incluant l’équité)
compatibles avec des politiques souples visant l’adaptabilité
des pratiques?
- Quels mécanismes de
mise en œuvre seraient les plus pertinents pour favoriser
l’adaptabilité constante des pratiques plutôt
que de privilégier aujourd'hui des pratiques qui seraient
hypothétiquement adaptées à la variabilité
future?
L’enjeu est de réunir
savoirs et perceptions différentes (multi acteurs)
dans une réflexion collective d’une forme particulière.
La communication présente une méthode, la
modélisation d’Accompagnement, dont les
principes correspondent à ces enjeux, sur un exemple
de mise en œuvre dans un contexte caractérisé par sa
forte incertitude: le Sahel.
Pierre-Henri GOUYON: Changer
pour durer: l'évolution, l'information, le progrès
Progressivement
au cours du XXème siècle, le biologie
s'est mise à s'intéresser autant aux transferts
d'information qu'aux transferts d'énergie et
de matière. La génétique s'est ainsi
imposée à côté de la traditionnelle
physiologie. Ce changement d'optique s'est accompagné d'un
renversement de certains a priori. Il est par exemple
devenu évident que ce qui avait perduré au
fil des générations de l'évolution
des espèces était essentiellement de nature
informationnelle, les organismes n'étant que les "véhicules"
qui "passaient" l'information d'une génération
à la suivante. La seule contribution des organismes n'étant
pas de créer de l'information mais de la transmettre
plus ou moins efficacement. De ce point de vue, c'est l'information
qui est la cible de la sélection naturelle et c'est
elle qui, transformée par les mutations et par cette
sélection, s'est modifiée au cours des âges,
produisant ainsi les différents êtres vivants
; si bien qu'on a pu dire que "les organismes sont des artifices
inventés par les gènes pour se reproduire". Ce
point de vue ne doit pas faire oublier que, dès le début,
il a été clair que l'organisme était co-produit
par son génome et par son environnement. Il faut ajouter
que, depuis quelques années, un troisième brin
de ce que Lewontin a appelé "la triple hélice"
est devenu une préoccupation croissante. Il s'agit de l'information
(appelée épigénétique) contenue
dans l'ensemble de la machinerie qui "lit" le message génétique.
En effet, aucun texte n'a de sens s'il n'est pas traduit par
un lecteur. La lecture du message écrit sur l'ADN,
aboutissant à la production d'un organisme est réalisée
par des molécules, dans des cellules, dans un organisme...
L'organisme est fonc le produit de l'interaction entre trois
types d'information: génétique, épigénétique
et environnementale. Paradoxalement toutes ces avancées
conceptuelles se sont faites sans qu'une réflexion
poussée sur ce qu'est l'information soit réalisée.
On voit ainsi des auteurs qui proposent simplement l'abandon
du concept ou au contraire son approfondissement. Comment
l'information change-t-elle en restant similaire? Comment la
sélection naturelle et les mutations ont-elles pu permettre
à ces changements de produire l'adaptation des individus?
Un chantier de recherche est à ouvrir sur ce concept.
Dominique HERVÉ: Changer
de paradigme pour conserver durablement les forêts à Madagascar.
Contributions de la modélisation
La conservation des forêts à Madagascar, centralisée
dans des aires protégées ou contractualisée avec
les villages riverains dans les couloirs qui relient ces aires protégées,
est conçue comme une mise en défens et une affectation d’usages
du sol à des espaces délimités. Parvient-elle et
parviendra-t-elle à préserver un pourcentage minimum de
forêt nécessaire au maintien des espèces à conserver
tout en assurant la couverture alimentaire des paysans riverains?
Des règles sont appliquées à ces espaces par
des institutions de conservation emboîtées, depuis les services
des Eaux et Forêts jusqu’aux communautés d’usagers, qui
constituent une chaîne de surveillance des infractions et d’application
de sanctions, bornée par la justice, censée faire appliquer
la loi in fine. Quelle est la couverture spatiale et la durée de
vie des dispositifs locaux de conservation et des institutions qui les
appuient? Le financement de ces dispositifs est-il assuré sur le
long terme? La régénération forestière après
abattis-brûlis, possible du fait de la résilience des forêts
humides, est-elle effective quel que soit le taux de croissance démographique?
En termes de système dynamique, la conservation des forêts
est-elle contrôlable? Ou, si l’on renverse la proposition, l’exploitation
des forêts est-elle contrôlable?
Le cas malgache est analysé à partir d’un échantillon
de la forêt humide de l’Est, le corridor forestier du COFAV (Centre
Est malgache, Fianarantsoa). Plusieurs disciplines sont convoquées,
l’écologie sur la régénération forestière,
l’agronomie sur les états post-forestiers, l’économie sur
la rétribution des services environnementaux, la théorie
de la viabilité sur le contrôle de systèmes dynamiques
et d’autres outils mathématiques. L’évolution du couvert forestier
en espace agricole et les possibilités de régénération
sont évaluées par des chaînes de Markov ; les contraintes
institutionnelles d’un développement économique financé
par la conservation sont identifiées en formalisant le contrôle
discret d’un phénomène continu. Des trajectoires viables,
de régulation, de mise en place de normes, de repérage d’états
traçables, pouvant aboutir à l’élaboration d’outils
de contrôle et/ou de veille et/ou de prédiction, peuvent être
proposées aux politiques afin qu’ils se placent dans une perspective
de long terme et qu’ils évaluent les arbitrages nécessaires.
Plus généralement, la question posée est comment
assurer un développement économique tout en restreignant
l’accès, de manière plus ou moins négociée
et acceptée grâce à des dispositifs de compensation,
à certaines ressources naturelles renouvelables, qui sont les
moyens de vie des habitants depuis toujours.
Emmanuel
IOANNIDIS: Devenir / Evolution, Métamorphose
/ Conversion: sur les formes du changement
Le changement, on peut le désirer, le
prévoir ou le craindre sans pour autant se pencher sur
sa véritable nature. En effet, en étudiant de près
ses multiples formes, on constatera que l’idée d’un changement
qui aurait des garanties d’amélioration n’est nullement
incluse dans les formes du changement qui sont le devenir, l’évolution
ou la métamorphose. L’amélioration comme exigence
centrale se trouve néanmoins dans cette forme quasi paradoxale
du changer qu’est la conversion, et c’est sur elle que l’on consacrera
notre présentation. On étudiera l’importance des notions
d’indétermination et de crise (car il n’y a pas de désir
de changement sans le constat d’une crise) ainsi que celles de certitude
et de décision liées à la nécessité
de la rupture (à la fois au niveau individuel et transindividuel).
Le schéma classique de la conversion
paraît d’abord identique, qu’il s’agisse de conversion
philosophique, religieuse ou politique: un contexte hautement problématique
suivi par l’ébranlement d’une crise, cause à son
tour une quête et une rencontre avec un bien suprême
déterminé (sagesse, Dieu, révolution). Cela,
procurant une satisfaction aussi inoubliable que garantie, fonde
une relation qui inspire l’engagement absolu et procure des conséquences
salutaires concernant la totalité de la vie. Les deux orientations
classiques que revêtira cette conversion sont l’epistrophe
et la metanoia: soit un retour à l'origine, à soi
ou à un modèle qui a valeur de loi ou alors, dans le
cas de metanoia, une mutation motivée par le repentir
global et promettant une renaissance. Il est particulièrement
intéressant des lors d’étudier les diverses formes
que la conversion revêt dans l’histoire et leurs similitudes
profondes: la conversion traditionnelle, essentiellement contritive,
qui impose de revenir à la tradition et à l’ordre,
la conversion biblique qui exige de se tourner vers quelqu’un
qui a déjà annoncé la vérité, celle
rationnelle qui inaugure une rupture par rapport à la doxa
et aux mythes, la gnostique, fondée sur l’évasion
et finalement la conversion évangélique, fondée
sur un renversement total et une nouvelle naissance clairement
meta- ou anti-rationnels. L’étude de ces formes montrera
toute une série des signes étonnamment communs dans
les formes de conversion religieuse et politique. La liberté
promise et la supposée réinterprétation du tout
sont en effet des transformations obtenues grâce à une
invasion du moi par des forces extérieures (qu’elle soit la
grâce divine ou une contrainte psychosociale). Si l’on considère
que toute doctrine qui exige une conversion se veut universelle et missionnaire
il deviendra plausible que la conversion forcée soit
un élément primordial des civilisations. Plus encore,
on aura les éléments pour penser que, en réalité,
la totalité de la violence résulte des méthodes
de conversion forcée et de changement obligé (propagande,
persécution, torture, guerre, croisades, lavage de cerveau)
à tel point que l’opinion qui soutient que conquérir les
âmes par tous les moyens est le propre de l’Occident paraîtra
une évidence. En effet, la globalisation n’est autre que le
récit d’un prosélytisme ultra-violent, à la fois
linguistique, religieux et social (comme cela a été
brillamment démontré par de récents travaux de
Sloterdijk). Il s’agit de montrer par ailleurs en quoi les techniques
utilisées ainsi que la logique structurelle entre la conversion
religieuse et politique sont proches, au point qu’elles paraissent
strictement identiques, cela n’étant point le propre de l’occident
mais de toute civilisation. Dans le contexte actuel inédit qui
met en confrontation l’homme et la nature — convertie elle aussi par
ses actions —, même si les logiques et les œuvres de la conversion
forcée restent extrêmement vivantes et néfastes,
la question centrale semble devoir muter d’orientation elle aussi:
en effet, non seulement un changement radical est nécessaire
mais avant tout une nouvelle forme de changer qui, nécessairement
globale, devra, pour une fois, opérer au-delà des méthodes
de contrition, instaurant ainsi une autre qualité de consensus.
Caline JACONO:
Leadership et développement durable: quels acteurs pour
changer?
De profondes mutations écologiques
et économiques se sont réalisées en l'espace
de seulement un demi-siècle. Le niveau de vie d'une partie
de l'humanité a plus évolué que pendant deux millénaires.
Mais en contrepartie, les catastrophes industrielles et des
dommages écologiques inquiétants se sont accrus.
Face à cette situation des questions
fondamentales ont émergé: comment concilier progrès
économique et social sans mettre en péril l'équilibre
naturel de la planète? Comment répartir les richesses
entre les pays riches et ceux moins développés?
Comment réguler le prélèvement régulier
et intense des ressources naturelles? Et surtout, comment faire
en sorte de léguer une terre et une société viables
à nos enfants? C'est pour apporter des réponses concrètes
à ces questions qu'est né le concept de développement
durableque l'on résume ainsi: "un développement qui
répond au besoin du présent sans compromettre la capacité
des générations futures à répondre aux leurs".
Pour y parvenir, les entreprises, les pouvoirs publics et la société
civile devront travailler main dans la main afin de réconcilier
trois univers qui se sont longtemps ignorés : l'économie,
l'écologie et le social. À long terme, il n'y aura pas
de développement possible s'il n'est pas économiquement
efficace, socialement équitable et écologiquement
tolérable. On voit que la notion est riche mais que sa mise
en œuvre politique est particulièrement délicate:
à quelles conditions et à jusqu’à quel point pourra-t-on
vraiment concilier les objectifs économiques, les objectifs
sociaux et culturels, et les objectifs environnementaux du développement?
Toute la difficulté de cette mise en cohérence des objectifs
est qu’elle repose sans doute moins sur une conciliation des anciens
systèmes entre eux, avec leurs organisations et leurs logiques
propres, leurs interactions spécifiques et leurs acteurs structurants
que sur une nouvelle définition de ces systèmes, par
une redéfinition de leurs modes de fonctionnement et de leurs
objectifs. Cette certitude ne permet cependant nullement de dire comment
se réalisera ce changement. Peut-être ne faut-il pas
se poser cette question, mais se demander par qui se réalisera
ce changement. En effet, s’interroger sur les moyens revient à
poursuivre sur des processus établis, à ne pas porter
de regard critique sur les logiques systémiques à l’œuvre
pour résoudre les problèmes de développement
durable. Or les questions urgentes posées par le développement
durable exigent des remises en cause profonde, des ruptures véritables
sur nos modes de compréhension et d’appréhension de
nos sociétés. Ces remises en question doivent être
conduites par des personnalités dont les valeurs ou les comportements
sont extérieurs aux systèmes critiqués, à
tout le moins cherchent pour partie à s’en abstraire. Mais elles
doivent dans le même temps être capables de mettre en œuvre
le changement. Comment ne pas alors s’interroger sur la figure du leader
pour promouvoir un développement durable? Et surtout comment
ne pas s’interroger sur la manière de créer une
nouvelle génération de leader ? De cette réflexion
est née une association PLANET-D. C’est cette expérience
de terrain corrélée à une réflexion sur le
rôle des individus dans le développement durable qui
sera mis en avant lors de cette intervention.
Sophie
MARTIN: Changer pour durer: problèmes de viabilité
et de résilience
Dans le contexte d'un système qui
évolue et dont l'évolution peut être influencée
par des actions humaines, se fixer l'objectif de durer peut signifier
vouloir figer le système dans son état actuel,
c'est la recherche de l'équilibre. Mais l'objectif de durer
peut concerner plus largement certaines propriétés
de ce système plutôt qu'un état particulier.
Durer implique alors agir pour conserver ces propriétés
dignes d'intérêt malgré changements et perturbations,
ce qui pose des problèmes de viabilité et de résilience.
Le problème de viabilité
s'énonce ainsi: étant donné un
système dont l'évolution de l'état dépend
en partie d'actions humaines, étant donné une propriété
de ce système, quelles sont les suites d'actions qui garantissent
la conservation de cette propriété?
Le problème de résilience
concerne la capacité du système étudié
à retrouver cette propriété malgré des bouleversements
dus à des perturbations exogènes: quelles sont
les suites d'actions qui permettent éventuellement de
restaurer cette propriété?
Dans les deux cas, il s'agit de comment
"changer pour durer" dans le sens de comment agir sur un système
pour conserver (viabilité) ou restaurer à moindre
coût (résilience) les propriétés
qui nous intéressent.
Emmanuel
SOULIAS: Assurance et développement durable:
quels enjeux, quels engagements, quels actes
Cette contribution s’articulera autour
de la Charte d'engagement pour le Développement Durable
de la profession de l’assurance, qui a été rendue
publique le 20 janvier 2009. On insistera en particulier sur la contribution
des structures de l'économie sociale au changement vers
le développement durable, avec une focalisation sur ce qui
différencie les services d’assurance en matière de
gouvernance et d'accessibilité.
Henri
TARDIEU: S'adapter au changement global: nouveaux arbitrages
Nord-Sud pour l'eau, l'alimentation et le développement
La population mondiale devrait se stabiliser autour de 9 milliards
de personnes en 2050. D’ici là un doublement de la
production alimentaire est nécessaire pour suivre la croissance
démographique et accompagner la diversification de l’alimentation.
En outre la production de biomasse, notamment agricole, est attendue
pour remplacer un pétrole finissant. Commencée au
Nord en 1950, la croissance agricole a été impressionnante:
le paysan gascon produit 50 fois plus que son grand-père.
Mais les scientifiques du Nord disent que cette croissance a modifié
le climat et réduit la biodiversité en détruisant
des habitats. L’opinion publique du Nord prend peur et, craignant
pour sa richesse acquise, bascule dans le "conserver pour durer",
met en doute la croissance.
La croissance agricole future est attendue
au Sud, l’heure n’est plus à l’aumône alimentaire.
Cette croissance exige de puiser encore dans les ressources
naturelles, l’eau et la terre en particulier; elle exige aussi
de revenir à des investissements massifs en agriculture:
le paysan africain pauvre produit aujourd’hui 1000 fois moins que
le paysan gascon. Il lui faut d’urgence se développer, "changer
pour vivre". Mais pendant ce temps des traders fous se disputent
des cargos de blé en papier, provoquant une hausse vertigineuse
des prix; plus grave, ils disqualifient la nécessaire croissance
des prix agricoles. En effet c’est bien une hausse raisonnable des prix,
certes douloureuse pour les pauvres des villes, qui est indispensable
pour financer la croissance dans les agricultures du Sud en respectant
le climat et la biodiversité. Cette croissance-là, le
Nord — la France en particulier — est il prêt à contribuer
à l’inventer grâce à ses agro-écosystèmes
bénis des dieux?
"Conserver pour durer" au Nord, "Changer
pour vivre" au Sud, ces deux paradigmes peuvent-ils se marier,
pour le plaisir de nos organisateurs, en un "changer pour durer",
pourquoi pas? Les arguments du débat entre agriculture
et environnement ont été mille fois échangés.
Pourtant les adaptations au changement global nous conduisent
à y revenir.
Sander VAN DER LEEUW: Crises
environnementales dans une perspective de longue durée
Dans la perspective de
longue durée de l'archéologue (que je
suis), le mot "crise" a une charge émotionnelle bien moindre
que pour ceux qui s'intéressent au présent.
En effet, toute interaction entre une société humaine
et son environnement naturel conduit, inéluctablement,
à une "crise" dans le sens où, si la société
ne s'adapte pas aux conséquences de sa propre intervention
dans la nature, elle épuisera ses principales ressources
et transformera le meilleur de son environnement de manière
irreconnaissable. Les "crises" ne sont pas d'origine l'environnementale
— il s'agit de phases récurrentes dans l'évolution
de toutes les sociétés, quand elles sont
incapables de comprendre, de gérer et de s'adapter
aux dynamiques complexes auxquelles elles ont affaire suite
à leurs propres interventions dans la nature. Puisque
chaque intervention humaine dans l'environnement est à
la fois fondée sur une perception partielle de cet environnement,
et transforme ce dernier d'une manière qui n'est que partiellement
prévisible, elle cause toujours ce qu'on appelle de manière
enjolivée "les conséquences inattendues de l'intervention".
Sur la longue durée, de telles conséquences cumulent
et rendent la gestion de l'environnement de plus en plus difficile,
jusqu'à causer une "crise environnementale". Nous explorerons,
dans cette présentation, plusieurs des conséquences
de cette perspective pour la gestion de la crise actuelle, tout en
insistant sur le fait qu'il est impossible d'y remédier sans
profondément transformer notre culture et notre mode de
vie. La question principale à laquelle nous devrons trouver
une réponse est: "quel futur, quelle nature et quelle société
voulons-nous"? Car en ne réagissant qu'aux dangers perçus
(insuffisance d'énergie, effet de serre, changement de climat),
nous n'arriverons jamais à nous sortir de la "crise" — ce n'est
qu'en adoptant de manière pro-active une vision radicalement
différente de ce qui nous importe, de ce que nous voulons faire
de notre société, qu'une solution semble possible.
Références
Bibliographiques :
C. Lévèque
et S.E. van der Leeuw, (dir.), 2003, Quelles natures
voulons nous ? Pour une approche socio-écologique
du champ de l'environnement. Paris: Elsevier.
C. Beck, Y. Luginbühl,
T. Muxart, (dir.), 2006, Temps et espaces des
crises de l'environnement. Paris: Editions Quae.
O. R. Young, F. Berkhout,
G.C. Gallopin, M.A. Janssen, E. Ostrom, S.E. van der
Leeuw, 2006, "The Globalization of socio-ecological systems:
An agenda for scientific research", Global Environmental
Change vol 16 (3), pp. 304-316.
R. Costanza, L.J. Graumlich,
W. Steffen (dir.), 2007, Sustainability or Collapse
?, Cambridge, Mass: MIT Press (Dahlem Workshop Reports).
Patrick
VIVERET: Du bon usage de la crise systémique
vers la "sobriété heureuse"
La crise que nous vivons est systémique
et appelle une réponse systémique. Le traitement
distinct de la crise financière ignore les deux autres
grandes crises concomitantes que sont la crise écologique
(climat et risques sur la biodiversité) et la crise sociale
mondiale (dont la crise alimentaire est, avec le non accès
à l’eau potable et aux soins de base, l’une des formes dramatiques).
Elle ne traite pas non plus la nouvelle donne géopolitique
liée à l’affaiblissement de ce qu’il conviendrait d’appeler
"l’ex hyperpuissance américaine" et la crise civilisationnelle
qui résulte de l’écroulement brutal d’un système
de croyances qui fut celui de la révolution conservatrice anglosaxonne
devenu dominant des trente dernières années. Les pouvoirs
politiques, imprégnés de cette "pensée TINA" (cf le
there is no alternative de Margareth Thatcher) sont largement
responsables de la dérégulation des dernières décennies.
Pour une réponse systémique trois principes doivent
être respectés:
-principe de cohérence pour traiter
les crises conjointement;
b/ principe de réalité et
de retour à la mesure car c’est la démesure qui
est à l’origine aussi bien de la crise écologique
(effets destructeurs d’un productivisme forcené), du
décalage abyssal au cœur de la crise financière entre
économie spéculative et économie réelle,
et du creusement dramatique des inégalités sociales
tant à l’échelle planétaire qu’au sein de chacune
des sociétés;
c/ principe de justice car on ne peut
garantir à tout être humain de ne pas basculer
dans la pauvreté, voire la misère, à
l’occasion de cette crise que si l’on cesse de vouloir garantir
tous les avoirs d’une économie casino qui conduiraient alors
tous les états, y compris les plus riches à la faillite.
Ces trois principes peuvent être ordonnés dans la
perspective positive de la "sobriété heureuse" proposée
par Pierre Rahbi, car ce sont des politiques et des économies
du mieux être qu’il faut bâtir face aux coûts et
aux "coups" gigantesques du mal être et de la maltraitance. C’est
ainsi que les seules dépenses annuelles en armement et stupéfiants
représentent trente fois les sommes requises par les objectifs
du millénaire des Nations Unies, tandis que les dépenses
de publicité les représentant dix fois alors qu’elles
sont pour l’essentiel un détournement d’un désir
dans l’ordre de l’être (aspiration au bonheur, à l’amour,
à la sérénité) dans l’ordre du désir
de consommation et de possession. Une nouvelle approche de la richesse
(définition et mesure) et de la monnaie est indispensable
pour réussir cette transformation profonde.
Bert
de VRIES: Le rôle des visions du monde et des
scénarios dans la marche vers un monde plus durable
Mon intervention introduira une méthodologie
d’évaluation de la durabilité d’un système
socio-écologique particulier, en partant du fait que
"changer pour durer" se réfère à la capacité
de poursuivre et de développer un mode de vie souhaitable
vis-à-vis des générations futures et de la
vie ailleurs sur la planète. La première étape
consiste à analyser les valeurs des individus et la façon
dont ils interprètent les problèmes de durabilité,
c’est-à-dire leurs croyances. La seconde étape
consiste à traduire leurs visions du monde en un modèle
basé sur des récits, donc dans des scénarios.
Les résultats qualitatifs et quantitatifs de ces deux
étapes sont ensuite étudiés en termes de
risques et opportunités associés et de robustesse
des options politiques. Cette approche a été appliquée
aux Pays-Bas à l’Agence Néerlandaise d’Evaluation
Environnementale.
Gérard
WEISBUCH: Modélisation environnement-société
Depuis l'origine
de l'humanité, l'homme façonne son
environnement. Décrire, prédire, contrôler
le système homme/environnement est une formidable
gageure. Il s'agirait de modèles qui prendraient
en compte des composantes environnementales, socio-économiques
et cognitives. Une bonne partie de la communauté
scientifique s'est engagée dans la construction de
modèles ambitieux de type "usines à gaz", par exemple
le GIEC ou les modèles multi-agents, mais certains
se demandent si les difficultés rencontrées
dans la mise au point des modèles et l'interprétation
de leurs résultats n'est pas d'une nature essentielle,
c'est-à-dire liée au caractère complexe
des systèmes réels. Il en est ainsi de notre impuissance
à réduire l'écart des prédictions
de températures entre les différents modèles
pour le même degré d'augmentation du gaz carbonique.
D'où la tentation des modèles simples de type
KISS dont j'exposerai quelques principes et résultats.
Débat sur le changement
dans la démocratie locale et les formes nouvelles du politique,
avec Philippe AUGIER (Maire de Deauville) et Bruno
REBELLE (Europe Ecologie)
Le débat portera sur les questions suivantes:
1. Que faut-il changer à votre avis dans les pratiques
politiques actuelles au niveau des collectivités locales et
dans la démocratie de proximité? Qu'en attendre?
2. Comment ces changements peuvent-ils être initiés
et soutenus? Quels acteurs et processus clés?
3. Quels sont les facteurs externes, économiques,
environnementaux, sociaux, qui peuvent déclencher, faciliter
ou empêcher ces changements?
Avec le soutien du MEEDDM, du Conseil régional
de Basse-Normandie,
de Planet-D, du Cemagref, de Reims Management
School et d’Aménagement et Nature